Sans faire de jeu de mots, je sais que je m’attaque à gros ici.
Se prononcer sur le poids en 2021 c’est comme marcher sur un champ de mines en ayant les yeux bandés.
Mon poids a toujours été un sujet récurrent dans ma vie. J’en ai parlé à plusieurs reprises notamment ICI et ICI. J’ai avoué avoir un trouble alimentaire, j’ai avoué être toujours en cr*** chaque fois que je dois embarquer sur la balance de mon médecin. J’ai avoué que mon poids serait toujours mon plus grand complexe.
Mais je n’ai jamais avoué que j’étais grossophobe.
Parce que je n’ai jamais cru que je l’étais jusqu’à ce que je lise cet article de Gabrielle Lisa Collard sur le blogue Dix octobre. Je t’invite d’ailleurs à le lire ICI.
Pour vrai, allez lire l’article.
Moi ça m’a rentré dedans comme un dix roues et j’ai réalisé que j’avais non seulement un trouble alimentaire mais que j’étais vraiment mal informée sur la grossophobie.
Il y a quelques années, une photo de moi a tout chaviré. Une brèche s’est ouverte dans mon cœur et dans ma tête. Toutes les réflexions et les complexes que j’avais accumulé depuis mon adolescence, où je n’ai jamais été la plus belle ni la plus mince, sont remontées à la surface.
Je croyais les avoir enfui au plus profond de moi, mais elles ont rejailli quelques mois après avoir connu la maternité et vu mon corps changer une fois de plus.
J’ai modifié mon mode de vie. J’ai découvert l’exercice, j’ai changé mon alimentation. Je n’ai pas seulement vu mon corps changer.
Je suis devenue une autre personne.
Et je n’ai pas honte de celle-ci.
J’assume qui je suis. J’assume mes défauts et mon ignorance sur certains sujets. Mais j’essaye quand même de m’éduquer et surtout, de comprendre certaines choses.
Encore aujourd’hui, je n’ai pas envie d’être grosse. Je pense encore que le rejet me guette si jamais je prends du poids. Je continue de croire que ma valeur diminuera si j’accumule les bourrelets.
Ces pensées insidieuses continuent de faire leur chemin dans ma tête. Surtout quand je lis ou j’entends des commentaires comme : « Mon dieu, ça n’a pas de bon sens comme elle a engraissé. » Le ton de voix utilisé qui peine à masquer le jugement qu’il y a derrière cette constatation inutile et pas digne d’intérêt. Je n’arrive toujours pas à l’ignorer. Ni à m’en indigner.
Pourtant, je sais très bien qu’en 2021 le corps ne rêve que d’être neutre. Pas défini dans une case ou une autre. Il ne demande qu’à vivre librement. En santé. Et à ne pas être critiqué de tout angle et tout côté.
Je mentirais si je disais que je ne critique plus les corps qui m’entourent. Je les commente dans ma tête, je les compare avec le mien, je les juge aussi parfois.
Certaines habitudes ont la vie dure. Surtout quand la société continue de contribuer à les accentuer.
Depuis toujours le corps des femmes est dans l’œil du cyclone. Le corps des hommes aussi mais on ne se le cachera pas, l’attention accordée envers le nôtre est plus violente.
Les courbes, la minceur extrême, les silhouettes qu’on tente de dissimuler, qu’on sexualise, qu’on vend, qu’on critique, qu’on expose… le corps a passé à travers tellement de tempêtes.
Et quelque chose au fond de moi me dit que ça ne cessera jamais complètement. Il y aura toujours des gens pour glorifier la minceur, associer le succès à un standard préfabriqué.
Si je deviens grosse, est-ce que je serai malheureuse? Ce n’est pas une question à laquelle je peux répondre avec un simple oui ou non. Parce que si je prends des kilos, mon potentiel et ma valeur resteront les mêmes.
Je ne dois pas l’oublier. Je dois même me le répéter en boucle.
Mais je ne peux pas oublier le fait que mon estime de moi s’en trouvera affectée. Et vous pourriez me juger d’accorder de l’importance à mon image.
Vous en avez le droit.
Comme j’ai le droit de prendre le temps qu’il faut pour déconstruire ma grossophobie.