Cette phrase, avec le ton qui vient avec : je ne suis plus capable de l’entendre. Pourtant, on dirait que c’est ancré dans notre société. Les générations avant la mienne qui associent célibat et négativité. Comme si être une femme seule, sans enfant, c’était d’être condamnée à être malheureuse entourée de chats le reste de sa vie. Une image que je vois partout depuis que je suis enfant. Un peu traumatisant quand on te demande dès le primaire si tu as un « p’tit chum » et, quand tu réponds non, on te répond que « tu vas finir vieille fille ».
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, les femmes de plus de trente ans qui n’ont ni conjoint ni enfants sont automatiquement appelées « des vieilles filles ». Qui n’a jamais vu le stéréotype de la femme en pyjama, seule dans sa maison avec des dizaines de chats ? Comme si on nous disait que c’est impossible d’être heureuse et épanouie dans notre vie si c’est notre cas.
Je vais avoir 35 ans, j’ai deux chats, ni enfant, ni conjoint ou conjointe et, sérieusement, JE SUIS BIEN. Je suis heureuse de la vie que j’ai actuellement et je ne ressens aucun manque. J’ai longtemps été entourée de femmes désespérées de trouver l’amour pour fonder une famille. Des personnes qui ne parlaient que de ça et surtout de façon négative. Comme si sans ça, leur vie ne serait pas « réussie ». Je ne les juge pas, je comprends que c’est le modèle qu’on nous a montré toute notre vie : que réussir sa vie, c’est d’être marié, avoir des enfants et la maison. Le trio du bonheur qui représente le succès.
De plus en plus, je vois des femmes dans ma situation qui prône le bien-être d’être seule, il y a d’ailleurs beaucoup de couples qui ne souhaitent pas vivre sous le même toit, ni même fonder une famille. Aujourd’hui, il y a toutes sortes de modèles, mais la vieille fille n’est toujours pas trop loin dans l’imaginaire des gens. Je trouve ça beau de voir les gens montrer leur quotidien en solo, montrer le plaisir et le bonheur que ça procure parce que, oui, on est heureuse. Notre petit appartement, nos petites choses, nos petites routines, nos petites sorties en solo : je parle pour moi, mais je sais qu’on est plusieurs à qui la vie solo procure du bien-être. Être seule n’est pas une malédiction, c’est tout aussi normal que d’être en couple, mariée, mère ou belle-mère.
Cessons de tenir pour acquis et de juger la vie des autres.
Mes parents ont cessé depuis quelques années de m’en parler. Je pense qu’ils ont compris que j’étais bien et que ma vie me convenait comme elle est. Mais ce n’est pas le cas des autres membres de ma famille, comme mes grands-parents et les matantes qui me questionnent toujours sur ma vie amoureuse. Ça finit toujours par le regard triste, qui me regarde et qui me dit : « C’est triste de savoir que tu vas vieillir seule. » Ce n’est pas une blague, cette phrase, je l’entends trop souvent.
Pourquoi vieillir seule est-ce si triste ? Pourquoi doit-on être triste pour les gens dans cette situation ? Oui je sais, ça se peut que des gens n’aiment pas être dans cette situation, mais pourquoi est-ce impossible de normaliser le fait d’être bien et heureuse seule ?
Pour ma part, depuis quatre ans, je suis bien, je n’avais jamais habité seule avant, et je ne pourrais plus jamais vivre avec une autre personne. J’aime ma liberté et même une certaine partie de ma solitude. Être seule ne m’empêche pas d’avoir des projets, des rêves. Rien n’est impossible. Rien ne dépend des autres à mon avis. En fait, on ne devrait jamais attendre après les autres pour concrétiser nos envies. Je prévois de voyager, de vivre plein de belles choses seule, avec ma famille et mes amies. J’aimerais m’acheter un chalet et démarrer plein de projets.
Alors non, je ne finirai pas vieille fille. Je vais vieillir dans la paix, j’aurai vécu une vie dans laquelle j’ai choisi de vivre, par choix, et, surtout, remplie de bonheur et de souvenirs dont j’aurai été l’autrice et l’actrice.