Quand je t’ai rencontré, je revenais d’un long et pénible voyage en bateau.
J’avais vu les hautes vagues déferler sur moi comme une pluie infernale. J’avais de l’eau jusqu’au cou et j’ai bien failli m’y noyer. Mais j’en suis revenue vivante.
Amochée oui, mais vivante.
J’avais énormément de voyages effectués et beaucoup de tempêtes affrontées à mon actif. Quand tu m’as parlé pour la première fois avec tes belles paroles et tes belles promesses, tu as réussi à me redonner un peu le sourire que j’avais égaré tout au long de mes voyages.
Plus les jours passaient, plus je m’attachais à toi et j’apprenais à avoir confiance en toi. Mais je n’étais pas prête à repartir en mer avec quelqu’un. J’avais trop peur de tomber par-dessus bord et que personne ne vienne jamais me chercher.
Plus le temps avançait plus je sentais un stress en moi. Plus je te voyais tranquillement marcher vers le quai. Ma peur grandissait de plus en plus. J’étais là avec mon petit cœur sensible, brisé, les morceaux rattachés les uns aux autres par seulement quelques bouts de scotch tape. Puis j’ai commencé à me dire que si je n’agissais pas maintenant, je te perdrais toi aussi.
Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai tranquillement déposé mon petit cœur tout fragile dans tes mains. Tous les voyageurs qui descendaient ou qui montaient d’un bateau me disaient de ne pas le faire. Que tu n’étais pas digne de confiance.
Mais j’en ai fait qu’à ma tête et j’ai espéré ne pas me tromper.
Je commençais à me dire que j’avais bien fait et que tu étais bien celui que je pensais que tu étais.
Mais à ce moment tout a changé. Tu m’as regardée et j’ai su que c’était une erreur.
Tu as serré mon petit cœur frêle si fort qu’il s’est encore plus brisé entre tes mains. Je me suis trouvée si naïve d’avoir cru que tout ça était possible. J’ai paniqué et j’ai tout de suite voulu reprendre mon petit cœur et à ce moment j’ai entendu la cloche du bateau.
J’ai tout de suite compris en te voyant monter à bord avec ce qui restait de mon pauvre cœur.
Depuis le début, tout ce que tu faisais, c’était d’attendre le prochain bateau. Mais que ce ne serait jamais avec moi que tu y monterais et que je resterais seule sur le quai à te regarder t’éloigner.