pression sociale

Résister à la pression sociale

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été soumise à une certaine pression. Lorsque je suis née, j’avais la pression d’être l’ainée. Pas toujours facile d’être la première à faire les choses. Très tôt, j’ai été confrontée à grandir dans l’ombre d’un frère athlète qui faisait parler de lui. J’étais la soeur de. Je n’avais pas la pression qu’il avait de performer, j’avais par contre la pression de me faire une place moi aussi. Et ça a pris tellement de temps avant que je trouve la mienne. Trop longtemps.

Par la suite, j’ai ressenti la pression de trouver ma place dans la société. De faire un travail que j’aime, de me bâtir un avenir, d’avoir des objectifs, des rêves, d’être ambitieuse. Ensuite la pression d’être une bonne maman. Celle-là, je l’ai trouvé quand même facile, honnêtement. Je pense que toute ma vie, je me suis préparée à ce rôle. D’abord avec mes poupées, ensuite avec mon frère, et même avec mes amies. Je suis la petite mom qui veut juste prendre soin des siens. Les couver pour les garder près d’elle et juste les entourer d’amour. Et ce, encore plus aujourd’hui.

La pression sociale par contre, c’est probablement celle avec laquelle j’ai le plus de misère. Oh qu’elle me challenge tous les jours celle-là. Surtout depuis l’arrivée des médias sociaux. Un puit sans fond dans lequel on s’enfonce malgré nous, et parfois même contre notre gré. Je le sais, j’en ai même fait mon métier.

Je scroll mon téléphone et je tombe sur une maison plus luxueuse que la mienne. Je me mets à haïr mes planchers, à mépriser le choix de déco de ma chambre, à souhaiter une plus grande cuisine. Je regarde des stories de voyages et mes voyages à Cuba, New York, en Floride, à Toronto, et un peu partout à travers le Québec, me semblent peu exotiques et attrayants. La planète est si vaste et j’en ai vu très peu. J’ai le goût de tout lâcher et de partir faire le tour du monde.

Je tombe sur une publicité de maquillage, de coiffure, de produits esthétiques miraculeux, et je me regarde dans le miroir avec les pires lunettes du monde. Celles qui déforment la réalité et me font paraître laide et vieille.

Je regarde la to-do list remplie de belles choses d’une autre personne, et je me plains que la mienne soit pratiquement toujours remplie des même trucs d’une semaine à l’autre. J’envie leur spontanéité, leur grande flexibilité, leurs nombreuses possibilités, alors que je sais très bien que ma liste n’est pas si mal, et que je pourrais moi aussi y ajouter des trucs plus l’fun, moins planifiés.

Je vois les gens dépenser leur argent sans compter, certains parce qu’ils n’ont pas besoin de le faire. Mais la plupart sans se soucier de l’avenir et des conséquences. Je les envie d’être capable de vivre au jour le jour, sans argent de côté. De se payer des voyages, des voitures plus récentes, des restaurants plus régulièrement sans trop s’en faire. J’ai beau me dire, et me redire, que je suis beaucoup plus aisée qu’il n’en laisse paraître, parfois j’aimerais juste que ça paraisse un peu plus. Juste pour connaître cette sensation d’avoir l’air de “rouler” moi aussi. Je sais que la plupart entretiennent l’illusion que tout va bien, qu’ils profitent de la vie, et que de l’argent il y en aura toujours, mais sans cette pression sociale pour nous pousser à toujours vouloir plus, la société s’en porterait bien mieux.

Chaque jour, je résiste du mieux que je peux à cette pression. C’est tellement difficile parfois, parce que c’est partout. Dans ce qu’on porte, ce qu’on mange, ce qu’on achète, où on travaille, où on demeure… On est tellement privilgiés qu’on ne s’en rend même plus compte. Et on ne fait que se battre contre cette pression sociale alors qu’il y a des enjeux beaucoup plus important.

C’est d’une tristesse lorsque j’y pense…

Jennifer signature