Mon rêve olympique.
Courir a longtemps fait partie de ma Vie…
Je devais avoir à peine 8 ans lorsque j’ai commencé à faire de l’athlétisme, en parascolaire avec un entraîneur.
Nous devions être, tout au maximum, 5 enfants qui se rencontraient deux fois chaque semaine pour pratiquer un sport qui nous collait vraiment à la peau.
Un même but nous unissait; performer!
Je me souviens de l’adrénaline qui s’emparait de moi, au coup de départ.
J’étais nerveuse, oui, j’avais le coeur qui battait la chamade, certes, mais au son retentissant du pistolet, je ne voyais qu’une chose; la ligne d’arrivée!
Tel un taureau fixant sa cible, je fonçais avec toute ma fougue vers mon succès.
Des médailles, j’en ai gagnées, des podiums, j’en ai montés.
La fierté dans les yeux et dans le coeur.
C’est une des plus belles émotions que j’ai eu la chance de vivre… outre l’Amour.
Dans mon existence de jeune fille, les Jeux de Montréal sont devenus un chapitre de ma Vie, où je n’ai respiré et vécu, qu’à travers l’athlétisme.
Mon bonheur c’était de compétitionner.
À chaque entraînement, je n’avais que les Jeux de Montréal en tête et que mes performances comme objectif.
Quand les Jeux s’entamaient, je versais toujours quelques larmes de joie, lors de la cérémonie d’ouverture.
Dans mon chandail bourgogne, celui d’Ahuntsic-Cartierville, j’avais le sentiment d’appartenance boosté à l’extrême. C’était grandiose, magique.
Ce feeling d’entrer au Centre Claude-Robillard et de pouvoir se dire qu’on a été choisie pour représenter notre quartier… c’est indescriptible… pour une fillette du moins!
C’était juste plus grand que nature. J’en ai des frissons, juste en y repensant.
Les belles années, quoi!
Hors des compétitions, nous avions des kiosques et des activités alloués, où l’on pouvait fraterniser avec les autres quartiers. L’ambiance était à la fête et dans un esprit à l’amiable.
Pour moi, qui étais plus de nature gênée, j’avais l’occasion de développer mes qualités sociales.
Bruny Surin était mon idole!
Ce qu’il était fort, vite et performant.
Je le suivais sur mon écran, participer aux Jeux Olympiques d’été à Barcelone, en 1992, et j’étais pâmée devant lui.
Cette année-là, il a manqué le podium de peu, arrivant 4ième au 100 mètres.
Ce que j’étais déçue… et déchue.
Une parcelle de moi était avec lui, en Espagne, un bout de mon Espoir l’accompagnait pendant cette course.
Je m’y visualisais, j’y étais.
La foule qui scandait, la rage qui l’habitait, la visualisation qu’il avait faite… j’étais lui.
Puis, la déception dans son regard, la médaille partie en fumée… je l’ai vécu… avec lui. C’était très émotionnel.
Encore aujourd’hui, je ressens toute cette gamme d’émotions vives lorsque je regarde les Jeux Olympiques d’été.
Bruny n’y court plus, mais d’autres me font vibrer. Comme Usain Bolt!
Du sang neuf, une allure imposante et un grain (ou 100!) de vantardise. C’est quand même ce qui fait son charme, à mon avis.
Il livre la marchandise à tout coup, ou presque.
Tant qu’à moi, j’ai « merdé »…
Je ne crois pas sincèrement que je me serais rendue au J.O. mais j’aurais sans doute été satisfaite de me rendre au sommet de mes rêves les plus fous; ceux des Jeux du Québec, en compagnie de celui qui m’a tant inspiré, le seul et unique Bruny Surin.
J’avais 12 ans, je m’étais fait remarquer lors de mes courses et mon entraîneur m’avait obtenu la chance d’aller m’entraîner avec Bruny, au Centre Claude-Robillard… j’étais extatique!
Je frôlais mes ambitions du bout des doigts. Cette journée-là est gravée dans ma mémoire, chaque seconde, chaque parole qu’a prononcé mon idole.
Il a été impressionné par mes performances, il voulait m’avoir dans son équipe… mais l’an prochain.
Il m’a dit; continue de t’entraîner, vieillie, prends de l’assurance puis revient me voir quand tu auras 13 ans.Wow!! Je n’en revenais pas…
Puis je n’en suis jamais revenue…
Pourquoi?…
Parce qu’avec l’entrée au secondaire, j’ai perdu de vue ce qui me passionnait le plus au Monde… parce que je voulais faire comme la plupart des adolescentes et courir les boutiques, au lieu de courir et de m’entraîner.
Alors, j’ai fait l’équivalent d’un faux départ au 100 mètres, de ma Vie… je suis partie avec mes amies et me suis auto-disqualifiée de ce qui était mon aspiration.
Du regret? J’en ai.
Plus que je ne voudrais me l’avouer même.
Crise d’adolescence ou de acte de rébellion, je ne sais pas, mais je sais que si je pouvais revenir en arrière, je choisirais l’athlétisme, encore et encore.
Des amies, je m’en serais fait de toute façon. Des sorties j’en aurais eu malgré mes entraînements. Le secondaire a certainement été de magnifiques années d’épanouissement… j’ai commencé à écrire, j’ai rencontré l’Amour de ma Vie, je me suis réalisée autrement…
Mais quelque part, dans un recoin sombre de mon âme, je sens un point, voire un trou, un manque, une porte qui ne s’est jamais refermée… celle de mes ambitions d’athlète. Celle de ressentir des poussées d’adrénaline que je ne vivrai plus jamais…
J’ai tout de même renoué un peu avec ce sport pendant quelques temps de mon adolescence, lors des compétitions interscolaires. Je m’y suis même amusée!
J’arrivais à la ligne de départ, dans mes espadrilles de chez Yellow, avec des vêtements dépareillés et les autres athlètes me dévisageaient. Elles allaient même jusqu’à essayer de m’intimider en comparant leurs souliers à clous et leurs heures acharnées d’entraînement.
Je me plaçais et faisait fi de ne pas les entendre… et BANG je partais en flèche, sans jamais me retourner jusqu’au fil d’arrivée! Je me tordais de rire en dedans!
Quel beaux souvenirs que ceux-là.
Ma flamme Olympique s’est éteinte plus tôt que je ne l’aurais imaginé mais mon coeur, lui, battra toujours à l’unisson des Olympiens qui n’ont jamais perdu de vue leurs objectifs.
Bravo!
Et Merci.