Quand tu commences ta carrière au début de ta vie professionnelle, t’es souvent dans la fleur de l’âge, sans enfants, sans trop de responsabilités. Ta motivation est au top, t’as envie de faire le maximum, de bien t’implanter dans ton domaine et d’y laisser ta marque. T’es content.e de laisser tes études derrière et de commencer la «vraie affaire». D’affronter et gérer tout ce qu’on ne t’apprend pas dans les livres.
Tu enfiles tes souliers neufs, ceux que t’as spécialement achetés pour commencer ta nouvelle vie. Ceux qui ne sont pas encore cassés, ceux dont tu viens juste d’enlever l’étiquette et qui te promettent une confiance absolue dans chacun des défis que tu auras à relever.
Les souliers qui te permettront de conquérir le monde du travail.
Après des défis, des moments de gloire, de doutes, de remises en question, des promotions, des augmentations de salaire, des vacances, un ou des congés de maternité/paternité, la construction d’une famille, l’achat d’une propriété, des changements au niveau de la direction, le départ d’un ancien collègue, l’arrivé d’un nouveau, ces souliers ont du vécu. La semelle accumule le poids de tes décisions. Les lacets s’émoussent au fil des saisons qui passent et des événements mis sur ta route. La forme de ton pied est littéralement moulée à ton soulier, le matériel dont il est fait s’effrite et se transforme en quelque chose de plus confortable.
En pantoufle.
De belles pantoufles douces et réconfortantes. Celles qu’on enfile machinalement quand on entre à la maison. Celles qu’on prend plaisir à retrouver soir après soir parce qu’elles nous donnent le sentiment d’être bien ancrés où l’on doit être.
Celles qu’on va user à la corde. Celles qui ne se transformeront plus en autre chose. Celles qui annoncent un confort absolu et le calme plat de ta vie professionnelle.
Tes options, maintenant?
Dire adieu aux pantoufles pour enfiler de nouvelles chaussures et brasser les cartes de ta destinée professionnelle. Ou encore, ajouter une nouvelle rangée de laine pour consolider tes pantoufles que tu n’oses pas quitter et qui te permettent de continuer à faire ce que tu fais jour après jour sans trop de mouvements. Sans trop de changements.
Enfiler de nouvelles chaussures implique beaucoup de choses. Se mettre en danger, risquer de changer pour mieux, mais aussi pour moins. Laisser tomber un confort, une situation, des avantages, des années d’ancienneté. De laisser derrière des réussites, des apprentissages, des amitiés. Mais ça implique aussi de se sentir vivant, de relever de nouveaux défis, de changer les grandes lignes de son quotidien et d’essayer de nouvelles choses.
Rester dans ses vieilles pantoufles implique de garder le contrôle sur un milieu qu’on connait par cœur, de trouver un réconfort auprès des visages familiers, de ne pas avoir à chercher mieux, ne pas avoir à relever les failles qui viennent user un peu plus nos semelles. Mais à rester ainsi confortable, ça peut éteindre notre petite flamme. Celle qui dansait autrefois dans nos yeux. Ça peut rendre les levers du lit plus pénible, donner les blues le dimanche soir quand la fin de semaine file encore une fois trop vite. Ça peut nous laisser un goût amer dans la bouche quand vient le temps de parler de notre carrière. Surtout si on s’interroge de plus en plus sur ce qu’on chausse aux pieds.
L’un ou l’autre implique des choix, des remises en question, des interrogations, des pour et des contres, des vertiges, de longs fleuves tranquilles, des remous, de l’effervescence…
Et toi, que portes-tu aux pieds?