Polytechnique

En mémoire des femmes de Polytechnique

*Il est possible que la lecture de ce texte vous ébranle. Si vous ne vous en sentez pas capable, cessez la lecture, rien ne vous y oblige. Sachez qu’il existe des ressources dans votre région où vous pouvez parler avec des intervenants si vous vivez toutes formes de violence ou ressentez le besoin de parler.*

Il y a 30 ans, le 6 décembre 1989, un féminicide a eu lieu à l’École polytechnique de Montréal. Oui, un féminicide. On va se dire les vraies choses et la réalité c’est que ce n’était pas qu’une simple tuerie. Ce crime, cette violence, visait délibérément les femmes. À cette époque, il n’était pas question de dire que ce massacre était un féminicide. Encore aujourd’hui, il est difficile pour la société québécoise de se l’avouer. Pourtant, c’est malheureusement ce qui s’est passé.

Ce jour-là, Marc Lépine a assassiné 14 femmes et en a blessé 10 autres avec son arme de chasse, pour la simple raison qu’elles étaient des femmes. Un crime contre les féministes qui lui auraient supposément gâché la vie selon sa lettre de suicide. Il devient alors un modèle de la cause masculiniste. Déjà qu’il reste une référence et qu’il soit glorifié comme un héros et un martyr est un gros problème en soi. L’autre problème, c’est qu’il y a définitivement une méconnaissance du féminisme et des privilèges masculins. Les masculinistes défendent donc des intérêts personnels d’hommes rejetés et frustrés ou qui craignent d’être dépossédés de leurs privilèges qu’ils considèrent comme acquis. Mais, voyez-vous, d’abord d’être en accord avec des privilèges pour un genre au détriment de d’autres n’est pas normal et se doit d’être dénoncé, voir même modifié. Ensuite, le féminisme va au-delà de la sphère des droits individuels et de l’agentivité des femmes. Le féminisme, c’est aussi une vision sociale des rapports inégalitaires. C’est la dénonciation du patriarcat, du capitalisme, du colonialisme, du sexisme, de beaucoup de systèmes d’oppression…

Saviez-vous que…

Ce n’est qu’en 1929 que l’on a reconnu aux femmes le statut de femmes à part entière, leur reconnaissant alors certains droits civils au même titre que les hommes. Seulement certains droits, puisqu’il a fallu attendre en 1940, pour l’obtention du droit de vote provincial pour les femmes et le Québec fut la dernière province à emboîter le pas. Puis, il a fallu attendre à 1960 pour avoir accès aux études supérieures. Pire encore, ce n’est qu’en 1964 que l’on connaît la fin de la subordination légale des femmes, c’est-à-dire qu’elles ne sont plus considérées comme la propriété de leur mari ou de leur père, puis qu’elles ont droit au divorce, d’ouvrir un compte de banque et faire des emprunts. Malgré cela, ce n’est qu’en 1983 que l’on met fin au devoir conjugal et reconnaît les agressions sexuelles entre conjoints.

Comme l’a si bien dit Judith Lussier sur Urbania, « C’est le travail des progressistes qui font que ça progresse », des progressistes comme les féministes entre autres. Un travail qui doit persister. En mémoire des femmes de Polytechnique, Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte et Barbara Klucznik Widajewicz, j’aimerais que l’on se souvienne du chemin parcouru pour les femmes et de celui qu’il reste à faire. À noter que selon l’article du Journal Métro, « Cette année, le Comité organise un événement pancanadien à la mémoire des victimes. Quatorze universités à travers le Canada enverront chacune un faisceau lumineux vers le ciel représentant une des victimes de 17 h 10 à 17 h 30. C’est le temps qu’a duré la tuerie en 1989. »

Marie-Pier Quessy
Catherine Duguay

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