Cette série est mon histoire, chaque texte est personnel. En parler est important et j’ai décidé de le faire. Chaque semaine, un texte sortira en rapport avec une thématique. Pour lire la série en entier, rendez-vous ICI.
J’avais peur. Peur d’être faible. Être faible c’est tellement quelque chose que personne n’a envie d’être. Le préjugé est si immense. Tu dois être fort.e et ne jamais laisser tes émotions prendre le dessus. Tu dois être impeccable, faire plus que ce que tu es capable de faire et ce, dans toutes les sphères de ta vie. Je savais depuis plusieurs années que j’avais besoin d’un break pour prendre soin de moi. Mais je ne l’ai jamais fait et ce pour plusieurs raisons: le temps, l’argent, le jugement, ma carrière, la honte, etc. C’est horrible, et aujourd’hui je m’en rends compte. Chaque fin de semaine, je me disais que j’irais mieux lundi. Chaque semaine de vacance, je me disais que cela me remettrait sur le piton. Chaque nouvelle résolution, que ce soit sur l’alimentation, la méditation, la lecture, les antidépresseurs, je croyais que tout cela règlerait le problème. Rien n’a fonctionné. Ça n’a fait qu’accumuler encore plus de choses sur mes épaules qui étaient de plus en plus fragiles à force de transporter tellement de douleurs.
Je savais que quelque chose clochait dans ma tête. C’est ma tête qui était malade et qui rendait malade mon corps. Mais j’avais la certitude qu’un arrêt de travail ou une thérapie, ce n’était pas nécessaire. J’étais sur qu’avec le temps j’irais mieux, mais non. Je n’ai pas écouté mon corps et il m’a lâché. J’ai dû me rendre au bout du rouleau pour accepter de l’aide.
Le problème avec une dépression, c’est que souvent, on ne se rend pas compte qu’on va aussi mal. On est fatigué, on pleure beaucoup, on est moins attentif. En gros, rien ne fonctionne et c’est le chaos dans ta tête et dans ton corps. Tu te dis que ça va passer, mais ça continue de dégringoler. Pour ma part, je ne voulais rien savoir d’un arrêt de travail. J’ai d’ailleurs souvent dit que jamais je ne tomberais en arrêt de travail parce que selon moi, ce n’était pas professionnel dans mon dossier d’employée, ça tâcherait celui-ci et m’empêcherait d’avancer dans ma carrière. Oui je suis sérieuse, c’était l’idée que je me faisais. Aussi, mes finances n’étaient pas bonnes dû à une vieille dette que je paie encore aujourd’hui. Dans ma tête, c’était inconcevable, j’aurais eu trop honte. La seule excuse possible pour un arrêt de travail aurait été une maladie ou une opération, pas une dépression. Moi en dépression? Voyons, je suis plus forte que ça, que je me disais.
La vérité, c’est que j’avais la chienne. J’ai toujours été forte, mais en réalité, avec le recul, je me rends compte que je ne l’étais pas. La vraie force, je l’ai eu en acceptant ma situation et en me battant pour m’en sortir. Rester aveugle devant les alertes que ton corps t’envoie, t’obstiner à continuer quand tu peines à mettre un pied devant l’autre, être méchante avec les gens que t’aimes parce que tu n’arrives plus à te supporter toi-même. Ce sont des signes à ne pas prendre à la légère. J’ai dû me rendre à l’état d’absence et perdre la carte pour comprendre que non: ÇA VA PAS!
L’important dans mon histoire c’est que mon corps est le mien et je dois en prendre soin. Si tu as des doutes, si tu ne te sens pas bien, que tu voies noir, n’attends pas. Tu dois aller consulter, et si tu ne veux pas faire cela, il existe plusieurs lignes d’écoute qui pourront te guider vers des ressources. La dépression c’est une maladie, elle doit être soignée et non ignorée. Beaucoup de gens souffrent longtemps sans jamais rien dire. Parle, dis-le, ta vie est importante. Non, ce n’est pas facile, mais tu seras tellement plus fort.e après. Ce sera long, périlleux, mais tellement bénéfique dans ta vie.
Choisis-toi, parce que tu es important.e.
N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :
Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553
Centres de crises : Santé Montréal