dépression le jugement

Dépression : Le jugement 

Introduction : Cette série est mon histoire, chaque texte est personnel. En parler est important et j’ai décidé de le faire. Chaque semaine, un texte sortira en rapport avec une thématique. Pour lire la série en entier, rendez-vous ICI.

Quand on dit à quelqu’un qu’on est en arrêt maladie, on se fait demander : « ah oui? Qu’est-ce que tu as? ». La personne te scrute pour voir c’est quoi la cause. Au moment de répondre : « Je suis en dépression », tu vois déjà le jugement traverser les yeux de cette même personne. Je ne veux pas généraliser, ce n’est pas tout le monde qui est comme ça. Ici je parle des personnes qui entrent dans la catégorie : Je-ne-comprends-pas-ce-que-je-ne-vois-pas ». Et malheureusement, il y en a trop. À cause de ces personnes, trop de gens s’isolent, ce qui est la pire chose à faire lorsqu’on souffre. Chaque bonne journée est importante. Je me souviens d’une journée où je me suis levée de bonne humeur, j’étais bien, je me sentais belle. Je me suis habillée, maquillée un peu avant d’aller prendre une petite marche pour aller me chercher un café. Chose que je faisais de temps en temps, bouger fait partie de la thérapie et de la routine qu’on tente de se créer. Ce matin-là, j’ai décidé de me rendre à un café encore plus loin qu’à l’habitude et je l’ai pris sur place. J’étais assise à une table, avec mon café et mon livre. Une connaissance est entrée et on s’est parlé. Elle m’a demandé : « Tu es en vacance?’ ». Je lui ai répondu que non, que j’étais actuellement en arrêt maladie et au fil de la conversation je lui ai confié être en arrêt pour une dépression. C’est là que j’ai vu son regard. Un regard que je déplore, un regard qui ne devrait plus exister en 2018. Elle m’a répondu une phrase que je n’oublierai jamais : « Ah oui? Ça paraît pas, tu as l’air en forme! » Une phrase qui ne devrait également pas exister, tu ne dis pas ça à une personne qui vient de te confier qu’elle vit une des épreuves les plus difficiles de sa vie. Je ne savais pas quoi lui répondre, j’avais juste envie que la conversation termine le plus vite possible. Elle a ensuite enchainé en parlant de sa tante qui elle aussi a vécu une grosse dépression, qu’elle était toujours au lit, etc. Pourquoi compares-tu les gens comme ça? J’avais l’impression d’être un imposteur à ses yeux.

Cette journée qui avait si bien débuté s’est noircit avec cette rencontre. J’ai eu du mal à marcher jusqu’à chez moi, quand je suis arrivée, je me suis écroulée, j’ai pleuré et je me jugeais moi-même. Aujourd’hui je me rends compte que j’aurais pu lui répondre, la sensibiliser. La dépression on ne la voit pas, c’est vrai, mais la souffrance existe. Ce n’est pas parce que la personne souri et sort de chez elle, qu’elle va bien. Elle va mieux à chaque instant où elle ne souffre pas et c’est long.

Je suis restée discrète un moment, malgré ce que les médecins me disaient : de sortir, de faire des choses que j’aime et qui me font du bien. J’avais peur de me faire juger une fois de plus. Après un temps, j’ai pris sur moi et j’ai décidé d’ignorer les autres et de mettre ma guérison en priorité, c’est moi qui suis importante. Après mon retour au travail, j’ai su que certains portaient des commentaires tel que : « elle n’a pas l’air malade ». Ça m’a fait mal parce qu’encore aujourd’hui, je suis fragile, plus forte que jamais, mais encore fragile. Une dépression, ça ne se guérit jamais en entier, il reste des traces et retomber peut survenir n’importe quand. J’apprends encore à faire fi des commentaires, mais le jugement est une chose qui est difficile à ignorer. L’humain est comme ça.

Avant de prononcer un mot ou lancer un regard, pensez à l’humain devant vous et dites-vous que derrière son sourire se cache un courage immense, celui d’être devant vous, de sourire et de prendre le dessus sur sa souffrance qu’il combat chaque seconde.

 Folie Sofia logo reviseure

 

 

 

 

 

 

N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :

Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553

Centres de crises : Santé Montréal

 

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