Jen parle de son fils qui termine l'école primaire

La fois où…mon enfant a terminé son primaire

Je te trouvais si petit pour franchir ces murs.

Leurs briques témoignant de la solidité de sa fondation n’étaient pas suffisantes pour me rassurer.

Je te regardais entrer avec ton gros sac à dos sur tes minuscules épaules et je refoulais mes larmes.

Ces larmes qui menaçaient de sortir après plus de 5 ans à ne pas croire en leur existence.

J’avais le regard triste, la mine déconfite. Tout le contraire de tes yeux brillants et de ton sourire plein de fierté.

Si tu savais comme j’ai pleuré dans mon lit la veille de cette journée et sur le chemin du travail le lendemain. Des rivières de larmes se déversant sur mes joues et menaçant de me couper le souffle. Tu ne l’as jamais su, à quel point ce fut difficile pour moi de te laisser prendre le chemin du savoir et de l’indépendance. J’avais eu la chance de t’avoir près de moi tous les jours pendant 5 ans. Je ne pouvais croire que nous étions déjà là. Qu’il était temps pour moi de mettre une partie de ton éducation entre les mains d’étrangers et que tu ne serais plus jamais exclusivement à mes côtés.

J’ai eu de la chance.

Tu as été bien entouré dès le départ.

Par des fées pédagogiques ayant plus d’un tour de baguette dans leur sac. Des fées passionnées qui sont tombées sous le charme du merveilleux garçon que tu es. Je les ai presque toutes aimées, sauf une. Pas besoin de dire laquelle, toi et moi le savons. N’empêche qu’elle t’a quand même appris quelque chose et pour ça, elle mérite aussi mon respect.

Moi qui avais si peur que tu prennes en grippe l’école, que tu la détestes comme j’ai pu le faire quand j’avais ton âge. J’étais terrifiée que les notions soient trop difficiles à assimiler et que je n’aie pas la patience de te les expliquer. J’avais tellement la frousse de te voir redoubler, de te voir pleurer à la suite d’une note d’examen qui stipulerait que tu as échoué. Je ne voulais pas que tu passes 7 années à te demander ce que l’école pouvait bien t’apporter à part une routine réglée au quart de tour et des devoirs à faire.

Mais la vie m’a comblée, une fois de plus.

Non seulement elle m’a donné le plus extraordinaire des petits garçons, mais en plus, elle m’a donné le plus intelligent. Chaque matin depuis 7 ans, tu te lèves pour aller à l’école sans chialer ou presque. Tu es content de retrouver tes amis et tes professeurs, et les matières se fraient un chemin dans ta tête sans aucune difficulté.

Je suis chanceuse, je le sais.

Je n’ai pas eu à faire appel à des orthopédagogues ou autres spécialistes pour t’aider. Tu réussissais bien, sans même étudier. Combien de fois le cœur a voulu me sortir de la poitrine en regardant tes bulletins ! Alors que je ressentais presque la même angoisse que lorsque je recevais le mien, celle-ci s’évaporait par enchantement en constatant à quel point tu avais de la facilité à assimiler toutes ces connaissances transmises par ces fées que j’aimais d’amour.

Merci Julie, Lucie, Josianne, Nadia, Isabelle, Brigitte et Mélissa. Vous êtes réellement des fées. Et je n’oublie pas les magiciens en éducation physique. Mention spéciale à Josianne, devenue une amie par la suite. Comme quoi il est facile d’aimer une personne qui est dévouée à ton enfant.

Jen parle de son fils qui termine l'école primaire

Cette année fut certainement la plus enrichissante pour toi. Je t’ai vu plus heureux que jamais dans la classe de la belle Juliève, l’une de tes profs chouchous. Dieu sait à quel point elle a été une enseignante parfaite pour le garçon que tu es. Tu t’es épanoui dans ton groupe d’option anglais/art dramatique. Ton petit côté comédien s’est développé, ton vocabulaire s’est éloigné du simple yes, no, toaster et tu t’es même exilé aux États-Unis quelques jours, le temps d’un camp. Ton premier voyage sans moi…

J’ai l’impression que tu as vécu ton année à fond, sachant que tu quitterais définitivement l’enfance une fois arrivé en juin. Si pour toi, ce fut aussi enrichissant, pour moi ce fut une course contre la montre de la grande école secondaire qui menace de me voler mon fils à son tour, comme l’a fait sa précédente école. J’ai ressenti un grand vertige tout au long de l’année, je crois même que je n’ai jamais vu une année scolaire filer aussi vite. Juste de penser qu’aujourd’hui, c’est bel et bien terminé, ma gorge se noue et la rivière de larmes menace maintenant de se transformer en fleuve ou en océan.

Quand je t’ai vu quitter ces murs, ce fut ton tour d’avoir le regard triste et la mine déconfite. Malgré ta fierté, je sais que tu réalises à quel point ces années ont été marquantes et que tout ce que tu y as vécu a forgé des souvenirs qui resteront dans ta mémoire pour toujours.

Le câlin que je t’ai fait en jetant un dernier regard à ces murs qui m’effrayaient tant restera gravé dans mon cœur à tout jamais.

Je sais que je vais survivre à ce nouveau passage.

Que les prochains murs qui t’abriteront en septembre seront encore plus imposants que les précédents. Qu’ils t’offriront aussi des moments exaltants, des moments de doute, de bonheur et quelques chagrins.

Que plein de nouvelles fées ou de nouveaux magiciens croiseront ta route.

Mais ce soir, j’ai le cœur en mille morceaux et je panique en constatant à quel point la vie t’éloigne de moi à une vitesse vertigineuse.

Ce soir, tu n’es plus mon bébé

Tu es mon diplômé de la 6e année.

Photo de signature pour Jennifer Martin.    

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