J’ai toujours été très transparente à propos de la personne que je suis.
Même s’il y a certaines zones plus sombres et mystérieuses que je garde pour moi, je me considère comme une personne qui se livre beaucoup (Allô le jeu de mots!).
J’ai donc voulu faire une comparaison entre moi-même, livre ouvert qui s’expose et s’exprime sur ce qu’elle vit pas mal tout le temps, et ceux qui ne se dévoilent jamais, les livres fermés qui acceptent difficilement qu’on en apprenne plus à leur sujet.
Je suis tel un bouquin sur un présentoir dans la section des nouveautés. Je veux briller de 1000 feux et me retrouver toujours dans le top 10 du palmarès. Je veux qu’on parle de moi, idéalement en bien, qu’on feuillette mes pages, qu’on lise la description en arrière, qu’on s’informe des critiques que l’on dit sur moi. Je veux avoir une place de choix dans les bibliothèques. Ne pas tomber dans l’oubli entre une encyclopédie et un vieil Atlas (de toute façon, qui a encore ça dans sa bibliothèque?). Je veux être sur une table de chevet, être consultée fréquemment, qu’on tourne mes pages jusqu’à ce qu’elles soient écornées. Je veux qu’on s’intéresse à mes mots, à mon contenu, à mes rebondissements.
J’aime parler. De moi, de ma famille, de mes amis, de mon travail, de mon quotidien.
Je me dévoile, en pensant toujours un peu naïvement, que c’est normal d’en dire autant et de s’exprimer sur un paquet de trucs. Je vis quelque chose? Ça paraît tout de suite dans mes yeux, dans ma bouche, dans tout ce qui déforme mes expressions faciales. Je suis nulle en poker face. Tout ce que je vis laisse une ride, un plissement de front, un froncement de sourcil ou un sourire un peu croche. Heureusement que je suis capable de mentir un peu mieux. Ça m’aide à me sortir de certaines situations où je n’ai pas envie de m’exprimer. Oui, ça arrive des fois que je préfère me taire… et raconter plus tard.
Mais j’écoute aussi. J’aime lire les livres des autres. M’intéresser à leur histoire, leur quotidien. M’informer de ce qui se passe dans leur vie. J’aime les livres que je côtoie au rayon des nouveautés, ceux qui veulent qu’on les remarque. J’aime comparer nos histoires, nos réactions face à certaines situations. J’aime qu’on s’appuie dans les moments difficiles, qu’on se donne des trucs, qu’on se félicite mutuellement.
Seulement, j’ai beaucoup de difficulté avec les livres fermés.
Ceux qui n’offrent qu’une petite description avec des mots mystérieux, pas vraiment clairs et qui laissent trop de place à l’interprétation. Ceux qui contiennent des phrases lourdes de sens, mais que je n’arrive pas à décoder. Ceux qui laissent croire qu’ils vivent un paquet d’émotions, mais qu’on n’en découvrira pas la moitié même en creusant plus. Ceux dont je n’arrive jamais à déchiffrer les expressions. À savoir s’ils sont bien ou non.
D’un côté, je les admire d’avoir besoin de si peu d’attention, d’être capables d’entretenir une aura de mystère qui fait en sorte que les autres sont intrigués par ce qu’ils projettent. Ça doit être reposant quand même de ne pas se mettre la pression de toujours performer, de laisser à quelqu’un la satisfaction de nous trouver entre deux encyclopédies plutôt que de tomber sur moi qui lui flashe ma couverture aussitôt entrée quelque part. Ça doit être satisfaisant de voir quelqu’un persévérer pour essayer de vraiment nous connaître. Parce que justement, il a poussé sa recherche pour nous trouver plutôt que de n’avoir pas eu le choix de nous remarquer parce qu’on était inévitablement dans son champ de vision.
J’ai du mal à trouver des affinités avec ces livres.
C’est peut-être parce que je suis paresseuse intellectuellement. Que je préfère prendre le chemin le plus court pour apprendre à découvrir de nouvelles histoires. C’est peut-être parce que j’ai peur que leur contenu soit finalement plus intéressant que le mien.
Pourtant, je sais très bien qu’il y a un public pour chaque type de lecture. C’est correct de ne pas être un mystérieux polar contenant plein d’indices pour découvrir qui est le meurtrier et être simplement un livre de filles avec de la psycho pop. Il y a de la place pour tous les types de livres dans une bibliothèque, comme il y a de la place pour tous sur cette belle planète.
Moi, j’accepte de plus en plus que je ne sois peut-être pas un recueil de poésie extraordinaire, ou un livre sombre qui parle des enjeux de la société avec franchise et intelligence.
Je suis seulement un livre ouvert.
Qui essaie simplement de raconter une bonne histoire qui plaira à un maximum de gens.
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