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Noël est passé, le chum est retourné travailler et le fils fait son possible pour me remonter le moral. Et surtout… profiter du fait que sa maman ne peut pas sortir ni conduire pour enchaîner les heures à jouer sur sa console de jeux. Mais on se fait aussi des journées pyjamas à boire du thé et regarder des films. À 12 ans, je me dis que c’est l’fun de pouvoir étirer ces petits plaisirs qu’on voit disparaître à mesure que l’adolescence fait son apparition.
La prochaine étape de ma guérison pointe à l’horizon, mais pour l’instant, les heures ont recommencé à s’écouler lentement dans ce calendrier de jours de congé non sollicité.
Après une accalmie où, contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai accepté la situation avec optimisme, je passe maintenant par une nouvelle phase : celle des sentiments contradictoires.
Je m’explique.
Après avoir vu mon entourage passer à travers le mois complètement fou de décembre et arriver à Noël la langue à terre, je me suis réjouie un instant de ne pas être dans le même état d’esprit qu’eux. Je me reposais. Je n’avais pas à me précipiter dans les magasins pendant mes heures de pause pour faire 1001 courses. Je n’avais pas à me rendre à des événements pour le blogue et conduire dans les embouteillages. Je n’avais pas à cuisiner des plats d’avance pour espérer gagner de précieuses minutes dans le rythme effréné de la routine hebdomadaire. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre et prendre soin de moi.
Même si on ne m’a jamais autant dit à quel point j’avais l’air zen et reposée que dans ce mois où ma vie était sur pause le temps de me rétablir, j’étais quand même triste d’avoir tout manqué.
Depuis que je suis en arrêt, je vis dans une espèce de bulle où je suis coupée du monde et où je n’ai que très peu de responsabilités.
Et c’est là que mes contradictions prennent tous leurs sens.
J’aime ça. Et je n’aime pas ça.
J’aime, l’espace d’un instant, que personne ne dépende de moi. Je suis contente de ne pas avoir à mettre le cadran, je n’ai pas le blues du dimanche, je ne me sens pas bousculée, je ne cours pas après mon souffle, je n’ai pas à aller m’entraîner pour me sentir mieux dans ma peau, je ne stresse pas à propos de la routine, du quotidien, du temps qui manque, de ma voiture, de mes relations avec mes collègues de travail.
J’aime la bulle qu’on a momentanément formée au-dessus de ma tête.
Mais en même temps, je ne l’aime pas.
Je n’aime pas cet univers lisse, dénué de surprises, de spontanéité, d’heures qui s’écoulent à ne rien faire. Le sentiment d’échec de ne pas m’accomplir, le sentiment d’être seule au monde, de sentir mon corps inactif s’alourdir et devenir de moins en moins souple me pèse. L’absence de personnes avec qui socialiser autrement que derrière un écran est lourde. Le contact de ma peau avec l’air et le soleil, la liberté de conduire ma voiture, de prendre de grandes marches pour m’aérer l’esprit me manque. J’ai l’impression que je perds mon temps et qu’il ne reviendra jamais.
Tout ceci pour avoir l’impression d’être la personne la plus indécise de la Terre.
Et la personne qui se pose le plus de questions.
Est-ce que j’aime assez ma vie quotidienne pour y revenir et la reprendre comme avant ? Est-ce que c’est le temps de faire les changements qui s’imposent pendant que j’ai le temps d’y penser réellement ? Est-ce que tout ceci est normal comme état d’esprit ? Comment puis-je savoir si la vie ne m’envoie pas le signe que je devrais méditer plus sur ce que je veux ou ne veux pas ? Que je devrais prendre ce temps d’arrêt pour en faire ressortir quelque chose de mieux !
Avoue que tu penses que je suis trop intense.
Que je devrais juste lâcher prise et me reposer tout en sachant que tout ceci n’est que temporaire !
Que je devrais juste regarder Netflix, faire des siestes, lire des livres, prendre mon mal en patience et en profiter pour tous ceux qui aimeraient tellement avoir du temps pour faire tout ça !
Ouais, peut-être.
Ou peut-être que non.
Contradictoire que je te dis.
À suivre…
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