L’ombre, la lumière,
Le cadrage et le ravage.
Les souvenirs témoignent
D’une douceur, d’une tendresse.
Le présent m’empoigne,
D’une douleur, d’une tristesse.
Les vêtements se faisaient rares.
Éveillés, tard le soir,
On se faisait plaisir,
Dans le rire, dans le désir,
Jusqu’à ne plus rien voir
Autre que notre histoire.
On aurait pu s’appeler
Les amoureux; les inséparables.
Mais hors de la maison,
nous étions incapables,
De s’accepter, de se situer.
On demeurait dans ce cocon;
Dans la peur de s’engager,
Dans la peur de se laisser aller,
Dans la peur de devenir papillon.
Nous nous aimions,
Mais la société nous a
laissés,
dans le rêve, l’admiration.
Elle nous a guidés
dans cette voie
qu’est la raison.
L’ombre ne peut se lier
à la lumière;
les deux sont contraires.
L’union ne peut qu’amener,
L’opinion rude et amère.
Alors,
Un dernier baiser,
Un dernier regard;
Nos mains se sont séparées,
Ton corps brûlant s’est éloigné.
Les premiers pas
furent affreux.
Tous tes doigts,
tremblaient;
malheureux.
Tu sanglotais,
Je pleurais,
Tu soupirais,
Je me vidais.
Je me suis laissée emporter
Par les couvertures
Et j’ai glissé,
À genoux sur le plancher.
Puis,
j’ai rampé,
derrière le mur,
À défaut de croiser,
ton regard dur.
Tu t’es mis à compter,
Mais plus jamais,
tu ne m’as retrouvée.
Nos espoirs furent
soufflés, envolés,
Dans le décompte
des journées;
Dans un conte
de fées.
C’est à ce moment là,
que tu m’as regardée
et que tu as réalisé,
que c’était la dernière fois.
Dernière fois que tu verrais,
mon corps le jour.
Dernière fois que tu vivrais,
le confort, l’amour.
Nous nous sommes dissociés.
Tu m’as laissée
Dans cette chambre,
remplie d’idées
si sombres.
Tu as lentement fermé
la porte derrière toi;
Tu t’es dissipé,
sans joie,
dans le brouillard.
Mon corps était cible;
couvert de dards,
Chair invisible,
Musée d’art.
Je me suis retrouvée,
à nouveau brisée.
Et pour la première fois,
j’ai décidé de quitter.
Quitter
Le noir de mes draps blancs,
Le malheur de mon cœur grand;
De mon cœur gros.
Je me suis évadée
De cette douleur.
Et cet endroit,
Qui respirait autrefois
le bonheur,
Est devenu mon cocon.
Je ne serai jamais papillon
En cette fin de saison.
Maintenant,
Mon corps nu, sans nom,
Distant du tien
Dans le temps,
est prêt pour la fin.
Maintenant,
Cette chambre,
surplombe
Mon ombre.
Et ma tombe.
Crédit photo de couverture : Alexis Sénécal