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Quand tu es en arrêt de travail, les autres croient à tort que tu es en vacances et que tu profites pleinement du temps passé à la maison.
Lors de ma première convalescence, j’ai passé l’hiver à la maison et une petite partie du printemps. J’étais quand même contente de ne pas avoir à affronter les matins froids où je devais déblayer la voiture à la noirceur avant de rouler sur les routes glacées. Je me sentais coupable chaque jour de ne pas être au travail et d’avoir une aussi longue convalescence.
Je passais mes journées au chaud à regarder Netflix (Merci, Charline!) et à écrire des textes pour le blogue. Je lisais, j’écoutais de la musique, bien au chaud dans le confort de ma petite maison. Quand j’ai recommencé à marcher vers la fin de l’hiver, j’en ai profité pour voir des amis que ça faisait longtemps que je n’avais pas vus et j’ai pu par la suite profiter de mon été comme j’aime si bien le faire chaque année.
Cette fois-ci, c’est complètement différent. Différent, mais pareil.
C’est au début de l’été que ma chirurgie a eu lieu et c’est dans le confort d’une nouvelle maison que je vis ma convalescence. Bien que les douleurs soient nettement moins intenses cette fois-ci, je dois encore apprivoiser les changements dans mon corps. J’ai d’atroces douleurs au dos, la jambe qui me supporte trouve difficile de tout prendre à sa charge et la plaie a quand même été un peu douloureuse à guérir.
Mais la culpabilité de ne pas être au travail est aussi forte que la première fois. Je vais être honnête, dormir plus tard que 6 h le matin, ça peut faire du bien… même si mes nuits sont loin d’être reposantes pour toutes sortes de raison. Avec toutes les restrictions à mon travail entourant la Covid, j’avoue que je ne suis pas trop déçue de ne pas y être pour appliquer ces nouvelles règles.
Mais depuis quelques jours, je me sens plus isolée, inutile, amorphe. J’ai beau passer toutes mes journées dans ma belle cour à profiter du soleil, tout n’est pas rose. Je ne peux pas conduire, je ne peux pas mettre de poids sur ma jambe et donc, aller marcher. Je dépends des autres pour mes déplacements et je ne peux faire de sorties estivales comme je le fais habituellement avec mon fils.
L’été, c’est habituellement NOTRE moment.
Mon conjoint ayant toujours eu moins de vacances estivales que nous, c’est vraiment pendant le long congé scolaire que mon garçon et moi planifions la majorité de nos activités. La Ronde, les glissades d’eau, le cinéparc, les concerts extérieurs, les feux d’artifice, les festivals, notre programme d’activités est aussi classique que diversifié.
Je ne peux malheureusement rien faire de tout ça cet été.
Le seul bon côté de la Covid est que je n’ai pas l’impression de manquer grand-chose puisque La Ronde est toujours fermée, les festivals, concerts, feux d’artifice sont annulés et le port du masque est exigé partout. Heureusement que la magnifique température que nous avons depuis la fin du mois de mai me permet de profiter pleinement de ma cour. Bronzer pendant de longues heures (avec protection solaire évidemment) sans me sentir coupable de ne rien faire d’autre que de passer à travers la pile de livres qui m’attendait sagement.
Mais la culpabilité prend toujours autant de place dans ma tête.
Je me sens coupable de monopoliser une remplaçante au travail alors que mes collègues doivent aussi prendre des vacances.
Je me sens coupable de ne pas offrir à mon fils un été comme il est habitué à en vivre.
Je me sens coupable de rester à la maison alors que mon conjoint se lève tous les matins pour aller travailler.
Je me sens coupable d’être tombée il y a 18 mois.
Je me sens coupable de ne pas guérir plus vite.
À suivre…