On aime nos artistes, au Québec.
On les encourage, on suit leur carrière, on aime commenter leurs faits et gestes. On se sent près d’eux parce qu’ils sont accessibles. Certains misent d’ailleurs beaucoup sur leur relation avec le public pour faire avancer leur carrière. On entretient d’ailleurs la réputation d’être très respectueux envers nos vedettes, comparativement à nos voisins du sud ou d’autres pays qui vouent un culte pas toujours très sain envers leurs personnalités connues.
Chez nous, on les aime d’amour.
Dans les bons ou les moins bons moments.
On est vite sur la gâchette pour partager et commenter leurs accomplissements et leurs écarts de conduite, mais on a aussi le bouton « pardon » facilement accessible quand vient le temps de juger leurs frasques.
Maripier Morin en est un bon exemple.
Lorsque toute cette affaire avec Safia Nolin s’est étalée dans les journaux, nombreux ont été ceux à monter aux barricades pour défendre la chouchoute des magazines et d’internet. Peu de considération pour Safia a été éprouvée. Des commentaires d’une violence inouïe et des échanges irrespectueux ont été déversés sous pratiquement toutes les publications faites à ce sujet.
De l’autre côté, une compassion sans nom a fait surface pour le sort réservé à Maripier, alors larguée par ses commanditaires. Une indignation collective s’est levée face à une situation « pas si grave » selon plusieurs et une pétition a été signée par plus de 100 000 personnes pour le retour de la vedette dans nos écrans.
Je ne me prononcerai pas sur les faits reprochés à Maripier ni sur les motivations de Safia à la dénoncer par le biais des réseaux sociaux. Tout a été dit et redit de toutes les manières possibles et tout a été jugé maintes et maintes fois par les gens de Gatineau, Rimouski, Québec, Amos, Blainville ou Saint-Romuald qui ne se sont pas gênés pour donner leur opinion sur le sujet.
Aujourd’hui je m’intéresse plutôt à la notion de pardon.
Est-ce qu’on l’accorde trop facilement à nos artistes ? Est-ce qu’on oublie vite, au Québec ?
Est-ce qu’on est prêt à passer rapidement à autre chose simplement parce qu’on a envie de retrouver la vedette qu’on a aimée, admirée ?
Parlez-en à Claude Dubois, Joël Legendre, Caroline Néron, Maxim Martin et plusieurs autres dont les carrières se portent encore très bien aujourd’hui malgré les histoires/scandales qui les concernent et qui ont défrayé la manchette.
Est-ce que trois mois de silence sont suffisants pour pardonner les faits reprochés à Maripier ?
Personnellement, j’ai trouvé que son message publié lundi passé, malgré sa sincérité, sonnait plutôt comme un texte rédigé par des experts en image et en communications qui ne rêvent que de voir Maripier reprendre le chemin des studios. Chaque mot et chaque virgule semblaient calculés selon l’impact qu’ils désiraient obtenir.
Certains diront qu’ils sont contents d’avoir de ses nouvelles, qu’elle n’a peut-être fait que répondre, de manière générale, aux centaines de messages qui doivent affluer dans ses boîtes de courriels depuis le début de l’été. Les gens s’ennuient de Maripier, s’inquiètent pour son état psychologique, mais ressentent aussi une certaine curiosité malsaine à savoir ce qu’elle devient à l’écart des projecteurs.
Pendant ce temps, Safia a dû prendre, elle aussi, une pause des réseaux sociaux, mais pour des raisons totalement différentes. Elle porte aussi les stigmates des cruautés qu’elle a pu lire à son sujet à la suite de sa dénonciation. Et les gens sont visiblement beaucoup moins nombreux à s’inquiéter pour elle.
Donc si on se fie à la logique des Québécois, on pardonnera à Maripier d’avoir mordu Safia, mais on devrait aussi pardonner à Safia de l’avoir dénoncée ?
Est-ce que ce sera vraiment le cas ?