On entretient tous une relation complexe avec notre corps.
On le voudrait tous plus ou moins quelque chose.
Plus grand, plus mince, avec de plus grandes jambes, des formes plus ou moins définies. Personne n’est satisfait de ce qu’il a, on met tous l’accent sur quelque chose de négatif à un moment ou un autre. De manière régulière ou occasionnelle.
L’humain est ainsi fait. On n’est jamais content de ce qu’on a.
J’entretiens moi-même une relation des plus complexes avec mon corps. Depuis toujours, mais particulièrement depuis les 10 dernières années. Une grossesse, une remise en forme, un petit laissé aller, une blessure qui est venue anéantir les efforts que j’avais faits. Je ne saurais dire le nombre de fois où j’ai jugé mon corps, où je l’ai malmené, où je l’ai puni, détesté, trouvé correct, trouvé beau, trouvé sexy, trouvé trop, trouvé pas assez.
Mais si mon corps pouvait parler, voici ce qu’il me dirait.
Il me ferait remarquer que mes yeux pers sont magnifiques, que j’ai raison d’en être fière et de trouver ça cool d’avoir parfois les yeux gris, parfois les yeux verts ou bleus.
Il me dirait que je suis chanceuse de pouvoir marcher sur mes deux pieds. L’un est peut-être plus amoché, mais il est quand même fonctionnel.
Il me convaincrait que mes seins sont peut-être plus gros que la moyenne, mais qu’ils ont contenu tout le lait dont mon fils avait besoin. J’ai la chance que mes seins sont en santé, n’ont pas de masse maligne, n’ont pas à subir de mastectomie et qu’ils espèrent ne jamais avoir à en subir une.
Il me dirait sûrement que même si mes cheveux sont minces, secs et sans volume, ils ne définissent pas qui je suis, c’est ce qu’il y a en dessous de ces cheveux qui est important.
Il me dirait que même si je n’ai pas une bouche pulpeuse et des lèvres bien dessinées, ce qui sort d’elle est 100 fois plus intéressant que toutes les couleurs de gloss que je pourrais y appliquer.
Il me ferait remarquer que même si je n’ai pas le poids que je considère comme «idéal», j’ai la chance de manger trois repas par jour, de cuisiner sans contrainte, d’avoir accès à tous les restaurants, de n’avoir aucune allergie ou intolérance et qu’on se fout du chiffre sur la balance puisque l’important est l’équilibre.
Il me convaincrait que même si je n’ai pas des longues mains de pianiste ou de grandes jambes de ballerine, ces parties de mon corps servent à 1001 autres fonctions, je peux être une artiste d’une autre façon.
Il pourrait clairement me secouer chaque fois que je ne suis pas tendre envers moi-même. Il pourrait mettre sa main sur mon épaule pour me dire de ne pas m’en faire avec mes angoisses et mes peurs.
Si mon corps pouvait me parler, c’est ce qu’il me dirait.