J’aime écrire. J’ai découvert ce plaisir, il y a de cela quelques années déjà. Toutefois, on dirait que ces temps-ci cette envie se fait moins présente. Je me sens souvent submergé, comme si tout était amplifié avec la pandémie et que mon inspiration avait disparu. J’ai eu envie de reconnecter avec l’écriture par plaisir et non par obligation. Sans chercher de sujet. C’est pourquoi j’ai demandé à Jennifer de m’offrir deux mots à inclure dans un texte. Elle a choisi : constellation et nénuphar. Je vais donc laisser mon imagination faire le reste. Je vous laisse découvrir ce texte au même rythme que je vais le composer. Bonne lecture!
La constellation du Nénuphar
Ce matin, c’est le grand jour. J’essaie tant bien que mal de fermer ma dernière valise. Celle qui contient tous les souvenirs qui occupaient l’espace de cette petite chambre. Cette même pièce qui m’a vue jouer, bouder, pleurer, rire, stresser, évoluer… grandir quoi! C’est un chapitre difficile à fermer…autant que cette foutue valise. Par la fenêtre ouverte, j’attends une auto freinée sèche suivie d’une série de coups de klaxon. Pas de doute, Charlie est arrivé. À pas lent, je m’avance vers la fenêtre. Charlie sort de sa voiture aussi rapidement qu’il a dû sortir de son lit ce matin. Ses cheveux bruns bouclés virevoltent dans tous les sens alors qu’il sourit à grande bouche à mes parents qui viennent l’accueillir chaleureusement. Mes parents adorent Charlie. C’est mon meilleur ami depuis la maternelle. De notre duo, il est l’éternel optimiste alors que moi, je suis 110% réaliste. Il est la zénitude sur deux pattes alors que j’ai l’impression de mourir un peu chaque jour de mon anxiété. Je crois qu’on s’équilibre bien, ce qui fait le succès de notre amitié depuis maintenant 11 ans. Il me ground alors que je le ramène sur terre. C’est pourquoi c’est lui qui a hérité du mandat de m’amener en Gaspésie.
Il y a de cela 6 mois, j’ai eu ce qu’on pourrait appeler une bulle au cerveau et j’ai décidé, non pas de me sortir doucement de ma zone de confort, mais bien, de me lancer dans le vide et d’aller travailler en Gaspésie une fois mon diplôme en poche. Mais quelle idée de marde, me rappelle chaque jour mon anxiété! C’est une bataille de chaque jour. Quand cette pensée m’envahit et que la peur me paralyse, j’arrête tout ce que je fais pour me concentrer sur ma respiration et écouter mon coeur. Au rythme de mon souffle, je sens la peur saccadée se calmer pour faire place à mon coeur qui bat d’excitation. Pouvez-vous croire qu’aucun de mes amis (sauf Charlie évidemment) ne croit que je vais aller au bout de se projet? Sur un coup de tête pour ne pas changer d’idée, j’ai donc loué une petite maison sur le bord de l’eau pour 1 an. La maison est blanche avec de magnifiques volets vert forêt ainsi qu’une porte de la même couleur. Le charme de cette maison réside sur les milliers de petits nénuphars peints en vert pâle sur la porte d’entrée. Une maison unique qui m’a charmé au premier coup d’oeil pour un projet grandiose.
Je vois mon père commencer à embarquer mes cartons dans la voiture de Charlie. C’est l’heure. Je prends ma valise et offre un dernier regard à ma chambre. Un doux sourire flotte sur mon visage alors que j’éteins la lumière. Direction mon avenir.
1 an plus tard.
Chaque matin, l’air salin chatouille mes narines alors que je m’étire dans mon lit. Cela fait 1 an maintenant que j’exécute cette douce routine en me réveillant. Je mentirais en disant que j’ai éprouvé du plaisir au début de cette aventure, mais tranquillement à coup de facetime à Charlie pour me motiver à participer aux activités d’intégration, j’ai réussi à me faire une petite place dans cette communauté tissée serrée. Au fil des mois, j’ai appris à laisser tomber mes barrières, à prendre confiance en moi et en mes compétences. J’ai apprivoisé à coup d’activité sportive et de méditation sur le bord de l’eau mon anxiété. J’ai l’impression de vivre ma vie à un rythme doux et apaisant. Oui, il m’arrive encore de vivre des crises d’anxiété, mais je sens maintenant les vagues arrivées alors j’arrive à maintenir ma barque à flot. Je crois que je n’ai jamais été aussi zen et optimiste face à la vie. J’ai hâte de montrer mon nouveau monde à Charlie. Il arrive demain, il vient passer tout l’été à, comme il s’amuse à l’appeler, La Constellation du Nénuphar. C’est comme ça qu’il a surnommé ma petite maison (parce que oui, j’ai décidé de me lancer et de l’acheter!). Il trouve que depuis que je vis ici, je brille de mille feux et m’épanouit vitesse grand V. C’est une belle fierté pour moi, parce que de toute ma vie, personne n’a jamais brillé plus que Charlie pour moi, appart peut-être maintenant moi!