Comment mon chum 2

Série – Comment mon chum a rebâti son crédit (avec un peu d’aide) partie 2

Pour lire la première partie, c’est ICI.

C’est toujours plus facile de faire un projet à deux.  Même si mes finances étaient en assez bon état, il y avait quand même place à l’amélioration. Je me suis dit qu’en faisant des efforts collectifs, ça permettrait de se motiver mutuellement et d’atteindre plus rapidement nos objectifs. 

En premier lieu, après notre discussion sérieuse sur les finances, j’ai demandé au Chum de “m’ouvrir ses livres”.  On s’est donc assis ensemble, et on a passé en revue toutes ses finances. 

C’est là que j’ai appris que le Chum se relevait d’une faillite qu’il avait déclarée en 2007. Précédemment, il occupait un emploi grassement rémunéré auprès d’une compagnie manufacturière, qui avait fermé ses portes et déménagé hors du Québec. Son salaire de base était dans la moyenne haute, mais le temps supplémentaire qu’il faisait régulièrement avait fait grimper son revenu de façon assez spectaculaire. Et bien qu’il eût pris des REER à ce moment (parce qu’on lui avait dit qu’il fallait en prendre, mais pas exactement ce que ça faisait), il avait surtout reçu de nombreuses offres de cartes de crédit avec des limites “assorties” à son salaire élevé. 

Comme pour bien des personnes, l’idée de base des finances pour le Chum était d’arriver à tout payer avec l’argent qui rentre. Et s’il y a du surplus, bah on se paye du bon temps!

Sauf que là, les vannes ont été coupées. Du jour au lendemain, il est passé d’un salaire de 20$/h, temps supplémentaire payé 30$/h et dépassé un certain nombre d’heures, 40$/h pour parfois atteindre jusqu’à 80$/h… à un salaire de 9,65$/h et 0 temps supplémentaire.  En plus de ça, quelques mois avant, il s’était séparé de sa blonde de l’époque, avec qui il habitait. Perte d’emploi, diminution de revenus et séparation sont les ingrédients parfaits pour scraper des finances.

Au bout de quelques temps, les comptes s’accumulaient et il était impossible avec son salaire diminué d’arriver. Après avoir payé le solde minimal de toutes ses cartes de crédit avec une autre carte de crédit, le Chum s’est rendu compte qu’il était au pied du mur.  C’est là que plusieurs de ses amis lui ont suggéré la faillite, ce qu’il a fait. 

De ce fait, il a perdu sa voiture et les 10 000$ qu’il avait placé en REER, mais les dettes ont toutes été réglées. La faillite reste ensuite inscrite 7 ans au bureau de crédit, ce qui fait qu’il n’avait plus de carte de crédit depuis ce jour. 

Entre-temps, il s’était trouvé un emploi qui payait 5$ de plus que le taux horaire minimum de l’époque, donc autour de 14$/h.  Il s’était pris un appart en colocation avec son frère, ce qui diminuait ses coûts de logement, et il s’était racheté une voiture selon ses moyens (ça, on y reviendra) pour ses déplacements et se rendre au travail. 

Côté bouffe, le Chum se nourrissait principalement grâce à la cantine roulante qui passait à sa shop. Collation le matin, lunch le midi, collation et boisson gazeuse en pm. Souper sur le go au fast-food ou à mon appart avec moi. 

Pour les autres dépenses, il y avait le cellulaire, le forfait de compte bancaire, Vidéotron, et les sorties et loisirs (quand il pouvait se les permettre).

On a donc calculé toutes ses dépenses, et c’est avec stupéfaction que je suis arrivée au constat qu’il lui restait très exactement 2$ dans ses poches chaque mois. Le Chum était ben fier que ça balance, et moi je vivais de l’anxiété par procuration à me demander comment quelqu’un pouvait vivre avec un solde de compte bancaire frôlant le 0 chaque mois. Également, au travail, il bénéficiait d’assurances collectives, cependant il n’avait pas de journées de maladie : autrement dit, une journée à ne pas rentrer = pas de salaire pour cette journée.

Je lui ai exposé la problématique d’une journée maladie à ses frais, de son frigidaire qui lâche, ou de tout autre imprévu qu’il aurait à gérer. Haussement d’épaules et un “Je couperai plus dans les loisirs ou la bouffe ce mois-là.” Ouain, non. That just won’t do

C’est là que je lui ai parlé d’épargne. De l’idée d’avoir de l’argent de côté pour que justement, quand une shit arrive, qu’il n’ait pas tant à y penser, qu’elle se règle facilement, sans ajouter à sa charge mentale. De l’épargne, c’est ton moi d’aujourd’hui qui agit pour simplifier la vie à ton moi du futur. Le Chum a regardé la ligne de bas de page avec son solde de 2$ et m’a fait une face dubitative. 

Je nous ai donc fait un plan de match avec les données rassemblées. J’ai fait des propositions au Chum pour voir où on pouvait couper dans l’gras pour améliorer la situation de son moi futur.

En premier lieu, on a décidé de faire une épicerie commune. J’allais apprendre à cuisiner et je nous ferais des lunchs. La cantine mobile lui revenait à environ 20$ PAR JOUR. Galette et café le matin: 3$. Lunch le midi: 10-12$ Collation de pm: 3-5$. À travailler 5 jours / semaine, ça amputait sa paye de presque 100$.  Clairement qu’avec 100$, on pouvait se faire une épicerie à deux qui allait avoir de l’allure! (Payer un Jos Louis 3$ quand la BOÎTE se vendait ce prix-là pas en spécial… En spécial, j’avais 2 boîtes pour 4$. 12 Jos Louis pour 4$, ça revient à 0.33$ le Jos Louis. Acheter un Jos Louis à l’unité était donc neuf fois plus cher.) De mon côté, les restos du food court au centre commercial où étaient mes bureaux avaient souvent raison de 30$ à 40$ de ma paye hebdo… Ça ne me ferait pas de tort de baisser ça.  

On s’est équipé : le Chum a amené de la maison ce qu’il fallait pour déjeuner au bureau (pain, beurre de pin et café instant aux noisettes). Dans son lunch, il avait son Jos Louis du PM, une canette de Pepsi, son lunch fait maison, des petits fruits, des barres tendres et du yogourt. Tout ça pour une fraction du prix qu’il payait à la cantine. (Fun fact : le gars de la cantine “montait un bill” aux gars de la shop, et il facturait le jour de la paye. C’était vraiment futé de sa part : les clients ne voyaient pas vraiment combien ils dépensaient, ils étaient habitués et lui, il s’assurait de toujours être payé!).

Peu de temps après l’officialisation de notre couple, le Chum était rendu dans ma chambre en colocation quasi tout le temps. J’ai donc questionné la pertinence de la facture de Vidéotron qu’il payait à son appart. Il a coupé l’internet ainsi que le câble, mais a gardé le forfait télé de base pour son frère et il a apporté son ordi dans ma chambre : ma colocation avait internet illimité, et le coût était déjà inclus dans mon loyer. 

Ensuite, j’ai proposé au Chum de réduire son forfait bancaire et de se défaire de la police d’assurance-vie incluse avec son compte : il n’avait pas de dettes qui nécessitaient ce montant, et bien que ce soit  cool de vouloir laisser quelque chose à ses proches en cas de décès, la police de 25 000$ pour 13,95$ par mois à ce moment-là ne m’apparaissait pas un bon choix d’investissement selon ses besoins et sa situation. De plus, son assurance collective au travail offrait déjà un montant forfaitaire en cas de décès. 

Finalement, j’ai essayé de négocier son forfait de téléphonie, mais il était, selon la compagnie que je ne nommerai pas ici, déjà au plus bas possible selon son dossier… soit 60$ par mois. Et on n’avait pas de iPhone dans le temps, c’était un flip, et c’était pas tout qui était illimité… C’était vraiment de la m****. On a indiqué de mettre une note au dossier comme quoi on ne renouvellerait pas quand le contrat serait à échéance. 

Au final, avec les ajustements, on a réussi à dégager au Chum un 40$ par mois qui allait en épargne… et on a aussi pu recommencer à sortir et aller au resto avec modération, mais au moins à vivre un peu! 

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