On pense à tort que c’est au cours des premières années de vie de son bébé qu’on peut se voir à travers son enfant. Les mêmes yeux, les mêmes traits, le même caractère. Que pendant les 5 premières années de sa vie, on sera témoin du meilleur comme du pire qu’on a légué à notre progéniture.
Oh que non.
Oui, pendant les premières années de mon fils, j’ai pu observer qu’il a la même démarche que son grand-père, les même traits que son père, le même nez que son parrain, les mêmes yeux que moi…etc.
Mais depuis qu’il est entré dans l’adolescence, c’est fou à quel point j’ai l’impression de voir réellement qui il est. D’avoir des flashbacks de mon passé, de faire des rapprochements avec nos expériences vécues dans le passé, mon chum et moi. C’est parfois confrontant de faire des comparaisons avec son caractère et sa façon de réagir, calquées sur les nôtres. Ça me ramène en arrière et surtout ça me permet parfois de l’aider à mieux comprendre qui il est.
Il y a peu de temps, mon ado a vécu sa première peine d’amour. Cette douleur, alors encore inconnue, l’a frappé de plein fouet alors qu’il n’avait rien vu venir. Il se remettait d’une commotion cérébrale et le coup à la tête n’était rien comparé au coup au coeur qu’il allait subir face à cette épreuve.
Au début, je suis devenue cette mère qui réconforte maladroitement. Celle qui ne sait pas trop quoi dire pour apaiser sa souffrance. Celle qui tente de comprendre, d’être rationnelle, de trouver des raisons pour expliquer la décision de l’autre. On va se le dire, c’est sûrement le pire moment de cette situation. L’impuissance face à sa douleur. L’incapacité à trouver les bons mots.
Par la suite, je me suis remémoré ce que j’aurais aimé qu’on me dise lors de ma première peine d’amour. Je lui ai expliqué comment je m’étais sentie lors de cet événement dont on se souvient toute sa vie (oui, je me souviens PARFAITEMENT de mon premier chagrin d’amour). Ce que ça avait provoqué dans mon coeur, dans ma tête. Comment j’avais géré cette douleur, à quel point j’avais essayé de comprendre ce que j’avais pu faire pour que ça se termine ainsi. À quel point je me suis tapée sur la tête, croyant que c’était seulement ma faute.
J’ai eu beau tout lui raconter et espérer qu’il s’en inspire pour faire les choses différement et qu’il gère sa peine mieux que moi à l’époque, ça n’a pas été aussi simple.
Il s’est senti coupable, il s’est questionné, il a tenté de lui faire changer d’avis, il s’est replié sur lui-même… Tout ce que j’aurais voulu lui éviter. Et pourtant, mes mots l’ont apaisé malgré tout. Et parce qu’il a fait exactement ce que moi j’ai fait à l’époque, j’ai été capable de comprendre. De l’aider dans ses réflexions, de lui dire que c’était normal. Se voir à travers son enfant, ça a du bon. Ça nous permet de mieux voir nos propres failles et d’essayer de l’aider à les transformer en quelque chose de positif.
Il est parfois très différent de moi, sur plusieurs aspects. Il a hérité de plusieurs traits de son père aussi. Et quand je ne sais pas comment le prendre ou comment réagir, c’est vers lui que je me tourne pour essayer de décoder ce que ça veut dire.
Heureusement, il a aussi sa personnalité bien à lui. Des traits qui viennent de nulle part et qui constituent l’être extraordinaire qu’il est.
Que ce soit sa facilité d’apprentissage à l’école, son talent pour assimiler tout rapidement. Son côté lunatique tout en étant capable de se concentrer avec plusieurs stimulus à la fois. Il y en a plusieurs trucs du genre dont je n’arrive pas à attribuer la provenance.
Plus il grandit, plus les décisions et les chemins qu’il prendra en diront beaucoup sur sa personnalité. Je n’ai pas particulièrement hâte de le voir prendre son envol définitif vers sa vie d’adulte. Forcée d’admettre que je suis quand même curieuse. De voir ce qui l’attend, ce qui découlera de tout ça.
Après mon rôle d’entraîneuse, cheerleader et d’accompagnatrice…celui d’observatrice à distance risque d’être de loin le plus difficile.
Se voir à travers son enfant, c’est aussi espérer qu’il fera encore mieux que nous.
Mais j’ai confiance qu’il y arrivera.