Aujourd’hui, c’est Bell cause pour la cause. C’est toujours une journée qui brasse des choses chez moi, autant des bonnes, que des moins bonnes. J’explique. Ça me rappelle que je suis encore en vie, que je me suis battue et que je me bats chaque jour pour le rester. Depuis 2017, l’année où je suis enfin allée chercher de l’aide, et l’année où j’ai eu accès à celle-ci, je n’ai cessé de tout faire pour ma santé mentale. Mais, cette journée où l’on fait un arrêt dans le temps durant une journée pour parler de SANTÉ MENTALE, en lettres majuscules, me rappelle tous les moments de noirceurs, les tentatives de suicide, les crises, les larmes, et tout le reste. Je n’oublierai jamais par où je suis passée. Mais cette journée me rappelle aussi les personnes qui ne sont plus ici aujourd’hui, qui ont posé un geste pour ne plus souffrir.
Le 21 janvier dernier, Christine Caron s’est enlevé la vie. Je ne connais pas Christine, mais son histoire aurait pu être la mienne. C’est une histoire qui se répète beaucoup trop souvent. Il m’est arrivé quelques fois d’être en crise, de me rendre à l’hôpital et le lendemain, j’étais déjà chez moi en attente. L’attente. Cette attente qui ne devrait pas exister. Cette attente que Christine n’a pas pu surmonter. Christine a laissé un message fort, ÇA DOIT CHANGER!
Quand on est en crise, qu’on sent dans tout notre corps que ça ne va pas, que la peur est présente sur chaque parcelle de notre corps. Qu’on comprenne ou pas ce qui a déclenché celle-ci. On est plus que vulnérable. On est sous l’emprise des idées noires qui semblent être la solution magique. L’option la plus alléchante pour enfin ne plus vivre avec cette grosse boule de douleur qui nous ravage l’intérieur. Quand on vit un épisode du genre, on a besoin de se sentir en sécurité, mais surtout d’avoir le TEMPS que les voix, que les sensations s’apaisent.
L’année dernière, j’ai vécu un épisode. J’étais prête à laisser la magie opérer. Juste parce que c’était insupportable. Mais j’ai téléphoné. J’ai utilisé le peu de courage qu’il me restait pour composer 3 chiffres sur mon cellulaire. La prise en charge jusqu’à l’hospitalisation s’est bien déroulée. Mais le lendemain matin, j’étais dans un taxi pour retourner chez moi. Seule. De retour dans l’environnement dans lequel je ne me sentais pas en sécurité, à peine 12 heures avant. Le psychiatre de garde a augmenté ma médication et m’a dit de prendre un rendez-vous avec ma psychiatre. C’EST TOUT. Même en mentionnant que je ne me sentais pas mieux, ils ne pouvaient pas me garder. On m’a proposé d’aller au centre de crise, mais ils n’étaient pas certains qu’il y avait de la place. JE DEVAIS PARTIR. On m’a laissé quitter.
J’ai passé une semaine en boule, à ne parler à personne, à attendre que les voix disparaissent. À grignoter parce que j’avais peur de cuisiner et d’utiliser un couteau. Comme si quelques heures en surveillance étaient suffisantes pour bannir ses voix dans ma tête. Ça a fini par passé, j’ai eu un rendez-vous virtuel avec ma psychiatre au cours duquel je ne savais pas quoi dire.
Il manque quelque chose, BEAUCOUP DE CHOSES. À ma prochaine crise, vais-je vraiment refaire confiance à notre système?
Bell cause pour la cause sert à démystifier la maladie mentale, mais aussi à en parler. Malheureusement, parler c’est plus assez. Il faut agir. Il y a un manque flagrant dans le système de santé et le système social. Les organismes manquent de financements pour soutenir CHAQUE personne en détresse et ce, de façon humaine. Ne pas penser en termes de groupe de personnes, mais penser en termes de personne individuelle. Il y a un cadre, oui, mais chaque personne a son propre petit cadre unique. Le temps est le pire ennemi pour nous. Accueillir, sortir, suivant. Le système est pressé, il doit constamment faire de la place. La prévention, c’est plus que des affiches, des publicités, des journées. La prévention, c’est aussi d’accompagner, le temps qu’il faut, quand quelqu’un tend la main. Parce que cette main est tendue en tout dernier recours.
Les ressources existantes font de leur mieux et heureusement qu’elles sont là. Il en faut cependant plus, sur le long terme.
Christine, tu n’es plus là, mais ton message oui. Il est fort, puissant et j’espère de tout cœur qu’il parviendra à faire son chemin vers les bonnes personnes.
N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :
Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553
Centres de crises : Santé Montréal