Revenir de voyage, c’est un mélange étrange d’émotions. Je rentre la tête pleine de souvenirs, le coeur plus léger, avec l’impression d’avoir cocher quelque chose de plus sur ma bucket list, et ce même si c’est une destination que je connaissais déjà. Mais voilà que la routine me tombe dessus comme une tonne de briques. Une sensation de vide s’empare de moi, et y a un petit blues qui s’installe dès que j’échange les couchers de soleil exotiques contre le son du réveil-matin. La déprime post-voyage me frappe toujours de plein fouet.
Inévitablement.
Faire des valises, et ce même si c’est simplement pour aller dormir à l’hôtel ou dans un chalet au Québec, ça me rempli de bonheur. Même si ça me désorganise et que j’oublie pratiquement toujours quelque chose. Savoir que je pars quelque part pour plus qu’une journée, ça me rend heureuse.
J’ai toujours aimé voyager. Même si je suis loin d’avoir pu le faire beaucoup jusqu’ici. Mes parents n’avaient pas les moyens, j’avais peu d’argent quand j’étais adolescente parce que j’aimais trop les vêtements et sortir et je suis devenue maman à 24 ans. Et pourtant, j’ai étudié en tourisme parce que je voulais m’exiler et partir à la conquête du monde. Le 11 septembre est arrivé en même temps que la fin de mes études en tourisme, je suis restée ici et j’ai rangé ma valise pendant quelques années le temps d’apprivoiser la maternité.
Je me souviens de mon premier voyage en Floride à 16 ans pour aller rejoindre mes grands-parents. Je suis revenue deux semaines plus tard complètement transformée et surtout…très déprimée. Je ne pensais qu’à repartir.
Même chose lors de mon premier voyage à New York. Ces 3 jours avaient été magiques, une partie de mon coeur était resté dans la Grosse pomme. Ça ne s’est pas amélioré la deuxième fois que j’y suis allée non plus.
La même chose s’est produit à mon retour de Cuba. À mon retour du Mexique.
Je passe les jours suivants à me faire des réflexions du genre : « il y a 24 heures, j’avais les pieds dans la mer », « il y a une semaine, nous étions en famille en train de nager avec les dauphins » « dire que ça fait juste 5 jours qu’on est revenus et j’ai l’impression que ça fait 5 mois »
Ces petites pensées insidieuses se glissent dans ma tête et font en sorte que j’entretiens cette déprime post-voyage pendant plusieurs semaines. La preuve, je suis revenue du Mexique le 10 janvier et je la ressens encore un peu.
Je regarde des vidéos de la mer pratiquement chaque jour, je peux contempler nos photos pendant plusieurs minutes. Je rêve déjà du prochain voyage et j’angoisse à l’idée de ne pas savoir quand celui-ci aura lieu.




Une avion déchire le ciel et je suis jalouse de ne pas être à bord.
Je tente même de déjouer l’algorithme de mes médias sociaux en évitant le contenu voyage encore un peu parce que ça me fait trop mal en dedans.
La déprime post-voyage, c’est quand je reviens à mon quotidien après avoir vécu des moments intenses, dépaysants, et souvent remplis d’émotions positives. C’est comme si mon cerveau avait un peu de mal à switcher entre l’excitation du voyage et la routine. Pendant mon voyage, tout est nouveau, stimulant, et même les petits désagréments deviennent des anecdotes. De retour chez moi, la routine semble fade en comparaison. Je passe de journées remplies de découvertes à… une liste de tâches répétitives et redondantes. Les responsabilités, les horaires, et tout ce que j’avais laissé de côté me rattrape.
Je vis carrément un « jet lag » émotionnel : mon esprit est encore là-bas, alors que mon corps est revenu ici.
Je me sens un peu mélancolique, nostalgique, parfois même irritable. Je repense sans arrêt aux bons moments du voyage, je regarde mes photos en boucle, et rien ne semble aussi excitant qu’avant.
La déprime post-voyage, c’est finalement le reflet d’une belle aventure qui m’a marquée. Plutôt que de la combattre, j’essaye de l’accueillir comme une pause pour me recentrer et intégrer tout ce que j’ai vécu. C’est l’occasion de me rappeler pourquoi je voyage : pour explorer, pour apprendre, pour grandir.
Et puis, je me dis que ce petit blues est temporaire. Bientôt, je serai en train de rêver à ma prochaine destination, de tracer des itinéraires et de refaire mes valises.

Jusqu’à la prochaine déprime post-voyage…
