J’écris depuis longtemps.
Des statuts, des publications, des textes pour les autres, des mandats à livrer. J’écris parce que c’est ma job, parce que c’est ce qu’on attend de moi, parce que j’aime ça, oui, mais j’avais oublié ce que ça faisait d’écrire juste pour moi.
Pas pour performer.
Pas pour publier.
Pas pour être lue.
Pas pour que ce soit punché, viral, ou SEO-friendly.
Juste écrire parce que j’en ai besoin. Parce que les mots me pèsent un peu trop dans la tête quand je les retiens trop longtemps. Parce qu’à force d’écrire pour “le monde”, j’avais mis de côté le plaisir d’écrire pour moi.
Quand j’ai lancé Folie Urbaine, j’avais une envie folle de partager ce que je ressentais, de mettre des mots sur mes émotions, de raconter la vraie vie. Mais très vite, sans même m’en rendre compte, je suis tombée dans une drôle de spirale : est-ce que ce texte va pogner? Est-ce que les gens vont aimer? Combien de likes? De partages?
Je voulais que mes textes touchent. Qu’ils soient populaires. Qu’ils résonnent.
Et ça, ça m’a mis une pression que je ne m’étais jamais avouée avant.
Je relisais chaque phrase dix fois. J’enlevais tout ce qui me semblait trop banal. J’hésitais à publier si je n’étais pas certaine que ça allait avoir un impact. J’écrivais, mais avec un p’tit nœud dans le ventre. Comme si mon écriture devait toujours valoir quelque chose. Comme si ce n’était plus assez de juste ressentir des choses et de les mettre en mots.
Et tranquillement, j’ai commencé à m’éloigner de ce que j’aimais vraiment dans l’écriture. J’écrivais pour les autres, mais j’oubliais de le faire pour moi.
Jusqu’à récemment.
J’ai ressorti un vieux cahier qui traînait au fond d’un tiroir. J’ai pris un crayon qui ne fonctionnait qu’à moitié, pis j’ai commencé à écrire n’importe quoi.
Juste moi, mes pensées, sans filtre.
Pas pour publier.
Pas pour performer.
Juste pour faire sortir ce qui me brassait en dedans.
Et sais-tu quoi? Ça m’a fait un bien fou.
Écrire pour moi, c’est comme prendre une grande respiration après une journée trop bruyante. C’est mettre le doigt sur des émotions que je ne savais même pas que je traînais. C’est retrouver un bout de moi que j’avais mis sur pause.
Ça ne règle pas tout.
Mais ça aligne des choses.
Ça calme le hamster.
Ça me ramène à l’essentiel.
Depuis que j’ai recommencé, je suis plus douce avec moi. Je me juge un peu moins. Je me comprends un peu mieux. Je prends le temps de savourer l’écriture au lieu de la presser comme un citron pour en sortir une bonne publication.
Et ironiquement, c’est dans ces moments-là, quand j’écris sans attente, que je me sens le plus connectée. À moi. Et aux autres aussi, parfois.
Alors si t’as arrêté d’écrire parce que t’avais l’impression que ça ne servait à rien, je te comprends.
Mais je te jure que ça peut encore t’apporter quelque chose.
Pas aux autres. À toi.
Pas besoin d’un beau journal, ni d’un rituel parfait.
Prends ce que t’as sous la main. Écris ce que t’as dans le cœur.
Et recommence. Juste un peu. Pour voir.



