Nous sommes le 4 juillet, et l’été se laisse désirer.
Le soleil fait de brèves apparitions de manière aléatoire depuis trop longtemps. Le bleu du ciel me manque. Les feux qui sévissent polluent l’air déjà chargé d’un trop plein de toutes sortes de choses. La pluie n’aide en rien mon moral, mais j’ose espérer qu’elle aide les forêts à consumer les flammes qui les embrassent.
J’enfile les crèmes glacées dans l’espoir de ramener l’été qui devrait déjà être installé depuis plusieurs jours. Je mets mes robes soleil, même si c’est nuageux. La petite sueur dans le cou qui fait friser ma nuque ne me dérangerait pas, si c’était parce que j’accumule les heures à me faire bronzer dans ma chaise longue. Là, ça me fait juste suer. Pis ça me donne simplement envie de les attacher bien serré. Qu’est-ce que ça donne d’avoir les cheveux vagués et dans le vent, si celui-ci fait juste piquer nos yeux plutôt que de nous rafraîchir?
Elle est où l’odeur de gazon fraîchement coupé? Du chlore dans nos cheveux après une journée passée dans la piscine? Des brochettes qui grillent sur le barbecue? L’odeur de fumée qui prend le dessus n’est pas celle des feux d’artifice qu’on se plait à regarder. La brume du matin est plus tragique que magique.
C’est triste pour une fille d’été qui compte les jours toute l’année avant son retour.
Ça manque de guimauves légèrement grillées, de saucisses un peu calcinées. De soirées passées à refaire le monde devant un bon feu de foyer. Ça ne manque pas de moustiques par contre. Eux n’ont clairement pas reçu le mémo concernant l’air difficile à respirer. Ils s’attaquent plutôt à ma peau comme si la fin du monde était annoncée et qu’ils devaient faire des réserves de sang pour les 10 prochaines années. Ça me pique partout. Tout le temps. Même les puces de sable de Cuba, que je croyais pires que tout, ne leur arrivent pas à la cheville cette année. Je me gratte au sang, je pogne les nerfs à chaque nouvelle piqûre et l’odeur du chasse-moustique me donne la nausée.
Y a pire, je sais.
Ma maison n’est pas évacuée, mon toit est épargné. Je suis reconnaissante pour ça.
Mais je maudis quand même un peu mon été qui se laisse désirer. Celui dont je rêve tout au long de l’année.
Je mange des fraises cueillies à même mon jardin, j’hume l’odeur de l’huile à bronzage et j’ai des visions de bord de mer et d’air salin. Les serviettes sèchent sur la rambarde de la galerie, les gougounes s’empilent à côté de la porte patio. Je peux prendre mon vélo pour aller cueillir des bouquets de fleurs sauvages. Y a quand même des choses qui ne changent pas. Ça me réconforte un peu, même si j’en veux toujours plus.
Mes vacances sont en août, je ne perds pas espoir de les passer comme les années précédentes. Sur le bord de la piscine, dans les festivals, à faire des pique-niques, à cueillir des bleuets. À m’extasier devant un coucher de soleil coloré, à passer la soirée à lire au son des criquets sur ma galerie, après une journée passée au soleil.
L’été se laisse désirer, mais je l’attends toujours.
Fidèle au poste.