En couple depuis bientôt 13 ans, la dernière fois que j’ai chatté remonte à la bonne vieille formule ASV (âge, sexe, ville) sur le défunt MSN. Pis j’avais arrêté ça ben vite après deux rencontres désastreuses, dont une où j’ai laissé mon amie lui faire comprendre que je lui donnais son 4 % (merci Julie !) et une autre où j’ai réalisé que de le faire descendre de Rouyn Noranda alors que je ne le trouvais même pas cute était sûrement la pire idée du siècle. Pis je feel encore cheap de lui avoir même pas dit au revoir quand y a filé vers l’Abitibi dès le lendemain matin, après avoir compris qu’y avait pas d’avenir avec une fille des Laurentides.
Bref, tout ça pour dire que les relations virtuelles, très peu pour moi. Jusqu’à tout récemment, mon profil Facebook était privé, mon compte Instagram plutôt discret et c’était ben correct de même. Je ne recevais qu’une ou deux fois par mois des invitations de gars avec des noms pas du tout québécois et qui ne vivent pas en Gaspésie, mais plutôt à Abu Dhabi. Mais depuis que j’ai fondé Folie Urbaine avec mes amies, on s’est dit que pour acquérir une certaine notoriété il fallait bien mettre nos profils publics afin d’être plus accessibles et ainsi se faire des contacts. Même chose sur Instagram, où je suis beaucoup plus active et où je multiplie les selfies.
Mais bon, pas besoin d’élaborer, t’as compris que je suis virtuellement plus susceptible de recevoir des invitations de toutes sortes.
Un soir, pendant mes vacances, alors que la maisonnée est couchée (le chum, fiston et même le chat), je reçois une demande de message en privé sur Instagram. Le nom ne me dit rien, la photo de profil est un immeuble et mon premier réflexe est de le flusher comme tous les autres. Surtout que sa première phrase est un simple : « Hi! How are you? » Rien pour émouvoir Juliette du haut de son balcon ou lui donner envie d’en savoir plus. Mais pour une raison que j’ignore, je décide d’accepter la demande et de répondre. En deux phrases (et sans ASV), j’apprends qu’il a 27 ans et qu’il habite Toronto. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me soulage de savoir qu’il n’est pas à Montréal ou même au Québec. Au moins, je ne risque pas de le croiser quelque part et de le reconnaître.
Après ces informations de base, il m’envoie une photo en privé, puisque son profil ne contient pas de photo récente, la dernière datant de 2014. Le gars est cute, pas nécessairement mon genre habituel, mais assez pour me donner envie de poursuivre la conversation un peu. Il me complimente sur ma photo en bikini (que j’ai mise parce que je suis ambassadrice des Boutiques Pentagone et que ça fait partie de mon mandat), je le remercie en lui disant franchement que je suis en couple depuis plusieurs années et maman d’un garçon de bientôt 11 ans. Là, je m’attends à me faire flusher assez vite et à ne plus jamais avoir de ses nouvelles, ce qui serait légitime, parce que c’est sans doute ce que je ferais si j’étais moi aussi à la recherche de quelqu’un. Eh bien non ! Il poursuit tout de même notre discussion quelques minutes et on se dit gentiment bonne nuit après avoir échangé quelques chastes compliments et plusieurs banalités. Je prends le chemin de mon lit, vaguement amusée de voir qu’il m’a diverti le temps d’une soirée.
Le lendemain et le surlendemain, on jase quelques minutes à peine, à différents moments de la journée. On parle de tout et de rien, j’apprends qu’il est étudiant en médecine, je lui raconte comment j’ai fondé mon blogue. Et tout ça en anglais ! Je dois avouer que je trouve ça moins compromettant de m’exprimer quand c’est fait dans une autre langue que celle avec laquelle je m’exprime normalement. Bref, on jase, il me complimente encore, mais ses compliments commencent à être un peu plus explicites et plus directs, malgré le fait que je glisse souvent dans la conversation que je suis heureuse avec mon chum. Je l’avoue, ça me fait un petit velours de le voir insister un peu et multiplier les gentils mots pour me faire craquer. Il m’envoie une photo de ses abdos accompagnés d’un regard aguichant. Jusqu’à ce moment-là, je n’avais que l’impression de commencer à jouer avec le feu. Pas parce que je me sens séduite par son corps ou ses paroles, mais simplement parce que je me sens déloyale envers mon chum qui ronfle dans la chambre d’à côté et qui ne se doute de rien. Mais je me sens coupable d’être légèrement charmée par ses paroles alors que mon chum trouve pourtant des mots beaucoup plus puissants pour me dire à quel point il me trouve belle et qu’il m’aime.
Pourquoi je poursuis la conversation alors ? Qu’est-ce qui me pousse à poursuivre l’échange alors que je n’en ai rien à foutre de lui ? Je n’ai pas trouvé la réponse à cette question, j’ai juste continué à échanger des mots et à récolter des compliments à la pelle pour les mettre dans ma jarre à estime de moi. En me disant que c’était juste un petit jeu inoffensif et distrayant, et que ça pourrait m’inspirer à écrire un texte sur le sujet justement.
Ça s’est corsé après 4 jours des discussions. Il devenait plus explicite, me disait vouloir me caresser, m’embrasser. Il a même été jusqu’à me dire que personne ne l’avait jamais autant excité virtuellement (non, mais tsé… je ne l’ai pas cru) pis qu’il aimerait dont ça faire partie de ma vie. C’est après quelques phrases comme celles-ci que j’ai ajouté à quel point notre discussion n’était pas sérieuse et que ce n’était qu’un jeu pour moi. Une simple distraction dans mes soirées passées en solitaire. J’avais déjà dans l’idée de mettre un terme à nos échanges et de ne plus jamais accepter de répondre à des demandes du genre sur les réseaux sociaux. Je commençais à être de plus en plus mal à l’aise devant son insistance et je voulais y mettre un terme.
Puis c’est arrivé.
Il m’a envoyé une troisième photo.
De son PÉNIS ! OMG ! Son pénis, en gros plan sur mon écran ! J’ai sursauté et j’en ai même échappé mon téléphone.
Un pénis inconnu venant d’un fucking inconnu de Toronto. Pourquoi ? C’est quoi qui avait de pas clair dans « j’ai un chum pis je l’aime ? » Pourquoi tu penses que la vue seule de ton membre en érection pourrait envoyer valser 13 ans de relation ? J’ai-tu été trop fine ? Pas assez claire dans mes propos ? J’ai échelonné notre conversation sur un trop grand nombre de jours pour que tu comprennes que j’étais pas disponible ni dans ma tête et ni dans mon cœur ? Pis tu penses qu’une dick pic va me faire courir jusqu’à Toronto pour te rencontrer ?
Pis là, j’ai pris peur.
J’ai eu peur d’une photo de pénis.
J’ai paniqué et je l’ai bloqué. Bye bye l’étudiant en médecine de Toronto. Tu vas devoir étudier l’anatomie avec quelqu’un d’autre.
C’est rendu ça, la cruise sur Internet ? Ce n’est plus Âge, Sexe, Ville, c’est devenu Asking, Sex, Virtual ?
Pis j’ai pensé à toutes celles qui cherchent l’amour sur le Web et qui ont sans doute reçu quelques photos comme celle que je venais de recevoir. Et je me suis tellement dit que je ne survivrais pas dans cette jungle-là. Que j’étais ben trop peureuse pour envoyer des photos de mes attributs et risquer de les voir resurgir sur le NET dans quelques années. Pis que je ne voudrais jamais dater un gars qui m’envoie une photo de son pénis pour me convaincre.
No way.
J’ai déconnecté mon Internet, je suis allée embrasser mon fils et me blottir contre mon chum pis je me suis dit que la seule chose de positive qui allait ressortir de ça, c’est ce texte-ci.
One Comment
Emilie T
😂😂😂 il m’est justement arrivé la même chose cette semaine. Je suis en couple depuis 13 ans et je lui ai clairement dit plusieurs fois
et en plus j’ai fouillé dans les filles qui complimentes ses photo pour me rendre compte quil fesais la même chose avec une autre fille 🤦 faut vraiment être pathétique … J’essaie de contacter une autre fille qui complimentes ses photo “la fille a 15 ans” en plus 🙊