Jennifer parle de fils

Les fils qui me retiennent et m’empêchent de me détacher

Invisibles, mais bien ficelés.

Transparents, mais forts.

Longs ou courts.

Mince ou épais.

Ces fils me retiennent.

Et m’empêchent parfois de tomber, me font parfois trébucher, me ramènent en arrière, semblent se lousser pour me faire croire qu’ils se sont détachés.

Ces fils qui font partie de moi, mais dont je n’arrive pas à me débarrasser pour me sentir complètement libre.

Je n’arrive pas à me détacher complètement des garçons avec qui j’ai vécu une histoire. Surtout ceux dont la relation m’a marquée. Les souvenirs sont encore présents dans ma tête. Des bribes de ces instants mémorables qui ressurgissent à des moments précis ou aléatoires.

Je n’arrive pas à me détacher totalement des meilleures amies que j’ai perdues. Je regarde en douce leurs réseaux sociaux. Pas souvent là, mais parfois. Juste par nostalgie ou par curiosité de voir où en est leur vie, alors que moi, je n’en fais plus partie.

J’ai de la difficulté à oublier ceux qui m’ont fait de la peine, à pardonner à ceux qui m’ont fait du mal. J’ai toujours l’impression qu’un fil me relie aux mauvais souvenirs et qu’il comporte un gros nœud impossible à défaire pour m’en détacher.

Je n’arrive pas à me foutre de ce que les gens pensent de moi, à faire abstraction des rumeurs ou des opinions qu’on véhicule à mon endroit.

J’essaie fort pourtant. Surtout depuis le début de ma trentaine. Moment où j’ai vraiment commencé ma quête vers l’estime de moi et la confiance en mes capacités. Mais je n’y arrive pas complètement. Parce que mon désir de plaire est profondément ancré en moi. Il fait partie de ma personnalité, je ne suis pas capable de l’étouffer. J’ai trop peur de ne plus exister aux yeux des autres si je ne me démarque pas.

Je n’arrive pas à me détacher de ma famille, si éloignée de ma vie maintenant. Les liens formés par les fils du sang sont puissants, même s’ils font des ravages. Mais je les aime, ces fils-là, malgré tout. Ils font partie de mon parcours et de la personne que je suis. Ils maintiennent ensemble les quelques souvenirs heureux que je veux conserver.

Je n’arrive pas à me détacher de mon chum. Je crois que peu importe où la vie nous mènera, un fil de fer impossible à couper ou détacher nous reliera. C’est ce que je nous souhaite en tout cas.

J’ai vraiment du mal à me détacher de mon fils, à le laisser grandir et déployer ses ailes. Le cordon a été coupé entre nous il y a plus de 12 ans. Mais moi, je sais. Je sais que le fil qui nous reliera sera éternel. Que celui qui relie nos deux cœurs est indestructible.

Mais j’aimerais ça apprendre à me détacher plus.

Être plus patiente pour démêler les nœuds plutôt que d’essayer d’en faire abstraction.

Être capable de les étirer pour avancer plus loin et plus longtemps.

J’aimerais ça ne plus les sentir le temps d’un instant.

Et être sans attaches.

 

Photo de signature pour Jennifer Martin.      

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