Confinement

Le confinement au temps des réseaux sociaux

Je ne vais pas me cacher la tête dans le sable, c’est pas l’fun présentement. Notre monde s’écroule pis perd pied sans rien pour se raccrocher. Ce n’est pas une sensation agréable d’avoir l’impression de perdre le contrôle sur notre quotidien.

Tout est arrêté ou au ralenti.

Nos quotidiens sont chamboulés, les assises de nos vies n’existent plus. Rien n’est plus coulé dans le ciment, on tente tous de trouver la façon de ne pas sombrer dans les sables mouvants.

On regarde la télé longtemps et notre cellulaire encore plus souvent. Pour plusieurs, y’a pas mal juste ça pour les divertir présentement.

Tu regardes ton fil d’actualité 12 fois par heure, 6 si t’es au beau milieu d’un marathon de séries ou que tu t’es trouvé un projet qui te permet de t’éloigner de ton écran un peu. 19 si y’a rien de bon à la télé pis que t’es subjugué par des montages photos humoristiques ou que tu réponds aux 15 quiz pareils de gens qui te défie de découvrir si tu les connais vraiment. Pour ma part, j’ai décidé de lâcher prise sur le temps qu’on passe sur nos écrans à la maison.

Tu t’attardes à des fake news, tu partages de fausses informations. Tu lis des témoignages touchants qui te redonnent foi en l’humanité. Tu vois les arcs-en-ciel, tu lis des statuts tristes de gens pour qui ça ne va pas du tout. Tu te sens privilégié si pour toi ça va, mais compatissant pour ceux qui le vivent à la dure.

Tu cherches du réconfort, tu ressens des coups de gueule, tu gardes le contact avec tes proches en faisant des FaceTime où ta face est un peu trop près de l’écran pis souvent tu te montres sans filtre, sans maquillage, dans toute ta vulnérabilité.

On se regarde parfois collectivement le nombril en attendant que les choses se tassent.

On élève la voix pour dénoncer les injustices ou les gens qui n’écoutent pas les consignes. On est plein d’admiration pour ceux qui travaillent dans les services essentiels. Eux n’ont pas trop de temps à perdre sur les réseaux sociaux présentement. Ils se battent aux premières lignes pendant qu’on publie des photos de notre enfance. Pas le même combat, je te dirais.

On pitonne, on swipe, on copie-colle, on like, on commente, on delete, on s’abonne/désabonne. Ces actions sont parfois impulsives, parfois réfléchies. On ne sait plus vraiment pourquoi on est encore en ligne, on perd la notion du temps. On rit en regardant des vidéos TikTok, on pleure en regardant des vidéos de voyages. Voyages qui ne nous seront accessibles qu’à un moment indéterminé. Mais on pleure encore plus en voyant des gens qui s’exprime sur la perte d’un être cher. Parce qu’il y en a déjà trop… et c’est loin d’être terminé.

On se dit qu’on fait juste prendre une minute pour répondre à un message, et une heure plus tard, on est encore là à lire les commentaires sous nos publications ou attendre les J’aime qui, même en période de confinement, valide le fait que ce qu’on dit ou fait est digne d’intérêt.

On observe ceux qui portent des lunettes roses et utilise l’expression «Ça va bien aller» comme si c’était une formule magique et on fait la même chose pour ceux qui pensent que rien ne sera plus pareil après tout ça. On revendique le droit d’être productif pendant sa quarantaine tout comme on approuve ceux et celles qui n’ont tout simplement pas l’envie ou la motivation de faire quoi que ce soit.

Même en confinement, on trouve le moyen de faire des sondages pour savoir qui a la meilleure façon de se confiner.

La pandémie à l’ère des réseaux sociaux, c’est quelque chose.

De bien ou pas, je n’en sais rien.

Mais j’espère qu’on va tous s’en sortir pis qu’on pourra bientôt lâcher le virtuel pour réintégrer le réel…

Et l’apprécier plus que jamais.

Jennifer Martin
Jeneviève profil

One Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *