brise du passé

Brise du passé

Sally,

Te souviens-tu de l’époque où le ciel était toujours bleu? Où courir sous la pluie était synonyme de liberté? Quand notre unique projet d’été était de regarder une chenille se transformer en papillon? Te rappelles-tu cette époque où tout était possible et où l’on se croyait invincibles? Que s’est-il passé alors que maintenant nous avançons la peur au ventre, que la terre nous aspire tout entière?

Arrêtons le temps un instant. Prenons une pause, ensemble, les yeux dans les yeux. Reculons doucement et rappelons-nous la douceur du vent d’automne; le plaisir de lécher la crème glacée avant qu’elle n’atteigne notre main; la chaleur des rayons du soleil qui embrasse notre peau alors qu’on se prélasse au bord du lac Simon; le bonheur de déguster chaque mot d’un livre, assises confortablement au bord du feu pendant les vacances familiales; le rire, notre rire vivant et vivifiant. Vivre au rythme des saisons, en harmonie avec nos choix. Quand le temps était de notre côté et quand courir après rien était notre activité préférée.

L’oubli s’est frayé un chemin sinueux au travers du temps. Mais pourquoi Sally, as-tu oublié toutes ses sensations qui sont chères dans ton cœur? Celle de la laine sur notre peau qui nous rappelle la chaleur des câlins de maman. L’impression de papier sablé qui nous irritait les joues lorsque papa nous embrassait avec sa barbe après une partie de soccer, la fierté dans le regard. Le chatouillement du gazon entre nos orteils alors qu’on marchait des heures durant dans les champs, simplement parce qu’on le pouvait. La sensation de brûlure du cuir sur nos cuisses alors qu’on ne faisait simplement rien, assises sur le divan.

À la terre qui était notre amie et où nous étions censées être la sienne. À Nicolas qui était notre ami et qui finalement ne l’était pas vraiment. À cette enfance volée de souvenirs par l’oubli et le temps. Au monde adulte qui nous a aspirées dans un gouffre de responsabilités. À la maladie qui dicte la peur des gens. À l’argent qui guide chacun de nos choix. À l’angoisse qui augmente au fil de nos fêtes. Aux années qui passent et qui nous font oublier nos rêves.  Arrête-toi un instant Sally et rappelle-toi. 

Prends le temps de vivre. La vie est trop courte pour vivre à côté de ses souliers. Vis pleinement, comme lorsque tu avais 5 ans. Savoure chacune de tes victoires, petite ou grosse, comme lorsque tu avais 10 ans. Prends le temps d’arrêter et de vivre les sensations qui t’habitent, comme lorsque tu avais 15 ans. Imprègne-les dans ton cœur pour te rappeler à tout jamais. Crée la vie de tes rêves dès maintenant et surtout, Sally n’oublie pas de rire, chaque jour. Ne t’oublie pas.

– Sally

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