Introduction : Cette série est mon histoire, chaque texte est personnel. En parler est important et j’ai décidé de le faire. Chaque semaine, un texte sortira en rapport avec une thématique. Pour lire la série en entier, rendez-vous ICI.
À mon arrivée à l’hôpital, les ambulanciers ont mentionné que j’avais tenu des propos qui indiquaient que j’essayais de me faire du mal et que cela pouvait avoir des dangers sur ma vie. Dès que nous avons passé au triage, l’infirmière m’a amené à un lit. Mon amoureux est arrivé à ce moment-là, avec le sac que j’avais préparé juste au cas. Une chance, je n’avais pas de sous-vêtements et c’était la seule chose que j’avais le droit de garder. L’infirmière m’a demandé de me déshabiller. Elle était obligée de rester près de moi. La chemise d’hôpital n’avait pas de cordes, mais des snaps. Ensuite, une préposée a installé une chaise devant mon lit et s’est assise. On m’a expliqué que c’était la procédure. Quand j’avais envie de pipi, cette même préposée qui m’accompagnait jusqu’à la porte. Au moins, elle ne regardait pas, j’avais donc un minimum d’intimité, c’était la seule que j’avais. J’avoue que je commençais à avoir vraiment peur, je ne m’appartenais plus. J’ai mentionné aller mieux et vouloir retourner chez moi, mais le médecin a dit que je ne pouvais prendre aucune décision vu les propos que j’ai tenus. Je n’arrêtais pas de pleurer et j’étais tellement épuisée. Ils m’ont donné un calmant.
On m’a fait des prises de sang, on m’a posé une multitude de questions, mais aussi à mon amoureux. Ses yeux, je ne les oublierai jamais. Il me regardait différemment, comme il ne m’avait jamais regardé auparavant. Ça aussi ça m’a fait vraiment peur. J’ai eu peur que ce soit trop pour lui et qu’il décide de me laisser tomber. Mais c’est le contraire qui est arrivé. Il s’est occupé de TOUT : contacter mon emploi pour expliquer que j’étais hospitalisée et qu’il donnerait plus de détails dès qu’il en aurait, il a contacté mes amies et mes parents. Il a été formidable. Il a dû manquer son travail ce soir là également, il ne voulait pas partir.
Après 5 heures, une jeune femme est arrivée dans une civière et elle pleurait vraiment beaucoup. Sa voix était vraiment rauque. Elle aussi avait un préposé assis au bout de son lit. Elle n’arrêtait pas de pleurer et parler, c’était vraiment épeurant. Je ne pouvais m’empêcher de la regarder et avoir peur. Elle était magnifique malgré ses larmes, les cheveux turquoise. Après un certain temps, elle a téléphoné à son chum en lui demandant de venir la chercher. Elle sacrait, insultait les employés de l’hôpital comme quoi ils ne voulaient pas la laisser partir, etc. C’est là que le médecin a mentionné sa tentative de suicide. Elle avait avalé un pot en entier et ils ont dû lui faire un lavage d’estomac. Elle insistait pour partir. Rien à faire. J’étais sous le choc. Ça aurait pu être moi 3 semaines plus tôt si je n’avais pas vomi tous les comprimés que j’avais avalés.
L’infirmière est repassée et m’a expliqué que je serais transférée à Louis-H. Lafontaine, puisque l’hôpital n’avait pas d’aile psychiatrique. Là, j’ai compris que c’était sérieux ce qui m’arrivait. J’avais des frissons. Je l’ai regardée et je lui ai dit : ”Je ne veux pas devenir comme elle, s’il-vous-plaît. Aidez-moi.” Le soir-même, on m’a finalement transférée, puisqu’un lit s’était libéré. J’avais la chienne. Je ne pouvais pas partir avec mon amoureux, c’est en taxi, accompagnée d’un infirmer et mon dossier qu’on s’est rendus à Louis-H. Mon amoureux nous suivait avec sa voiture.
En arrivant par la porte de l’urgence, l’infirmier a remis mon dossier et est parti. L’agent de sécurité m’a demandé de tout enlever ce que j’avais dans mes poches ainsi que mon manteau. Je l’ai trouvé un peu con puisqu’on m’avait déjà tout enlevé à l’hôpital, mais bon. Il m’a fait passé sous le détecteur de métal. Mon amoureux est arrivé juste après. On m’a installée dans le bureau de l’infirmière qui a consulté mon dossier, posé quelques questions et m’a expliqué comment se déroulerait mon séjour. J’étais fatiguée, il était presque minuit et je voulais juste dormir, même si j’étais apeurée. Pièce capitonnée? Camisole de force? Médication trop forte? J’avoue que j’avais plusieurs scénarios en tête.
Une préposée m’a ouvert un casier et a mis mon sac que mon amoureux avait apporté, ainsi que mon manteau et mes chaussures. Je pouvais garder mon pyjama, mais pas de brassière, pas pour la nuit. J’ai rencontré le psychiatre de garde. Il était gentil et drôle. Il m’a expliqué qu’ils me garderaient jusqu’à mon évaluation complète que j’aurais le lendemain ou le surlendemain. L’infirmière m’a donné quelque chose pour dormir. J’ai dû dire bye à mon amoureux, la chose la plus difficile du monde. Être seule dans un endroit que je ne connais pas. Il allait venir le lendemain à 14 h, heure du début des visites.
Je me suis installée dans mon lit qui était situé dans l’urgence, comme dans tous les hôpitaux, des lits dans des corridors. Je me suis endormie aussitôt.
N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :
Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553
Centres de crises : Santé Montréal