Introduction : Cette série est mon histoire, chaque texte est personnel. En parler est important et j’ai décidé de le faire. Chaque semaine, un texte sortira en rapport avec une thématique. Pour lire la série en entier, rendez-vous ICI.
J’avais déjà pris des antidépresseurs dans le passé. J’avais l’impression que ça ne m’aidait pas, alors j’arrêtais de les prendre. L’automne avant ma dépression, mon médecin a insisté pour que je recommence à les prendre, et ce, de manière définitive. Selon lui, tous mes symptômes étaient reliés et ce médicament m’aiderait. En plus de ce médicament, j’avais commencé à prendre quelque chose pour mon estomac. J’ai dû faire un séjour à l’urgence suite à de gros reflux gastriques qui avaient tous les symptômes d’une crise cardiaque, la peur que j’ai eue ! Bref. Je trouvais déjà que c’était beaucoup pour moi deux médicaments, tous deux reliés à l’immense stress que je vivais, mais encore à ce moment, je n’écoutais pas les signes très clairs que j’étais épuisée et que je devais m’arrêter pour me soigner.
Quand je suis tombée en arrêt de travail et que j’ai vécu l’hospitalisation et tout le reste dont je vous ai parlé dans mes précédents textes, on n’a pas changé ma médication sur le coup. Ma psychiatre voulait voir mon cheminement avant. Je suis retournée à l’urgence un soir où j’ai menacé mon chum de me tuer. Ça faisait 2 mois que j’étais en arrêt de travail et j’avais encore plus mal, mon état se détériorait. Je savais que ce ne serait pas immédiat, mais je savais aussi que j’allais vraiment mal et que j’en avais marre de souffrir autant. J’avais besoin qu’on m’enlève ce poids de douleur que je ressentais sans arrêt dans ma poitrine. C’est là qu’on m’a prescrit un stabilisateur d’humeur, un médicament qui est quand même fort. On m’a avisé des effets secondaires, mais je m’en foutais, je voulais vivre, aller mieux.
Ce n’est pas tout le monde qui a besoin de médication pour aller mieux. Pour moi, vivre une dépression en plus d’apprendre à vivre avec un trouble qu’on m’a diagnostiqué au même moment, c’était beaucoup. Avec la thérapie, la méditation, la lecture et tout le reste, j’ai appris à m’écouter plus, à avoir envie d’aller mieux. Je ne dis pas que sans mes médicaments je ne serais pas capable, mais pour l’instant ça m’aide à me construire une routine, à comprendre mon corps, ma tête et à vivre sans souffrance. Cette souffrance qui a détruit des années de ma vie, je ne la ressens presque plus et j’ai l’impression de renaître, d’avoir une chance de reprendre ma vie en main. J’ai trop longtemps pensé que je ne valais rien, que je ne servais à rien, que je méritais tout le mal que j’ai vécu. Aujourd’hui, j’apprends à m’aimer, à avoir confiance en moi et à accepter les épreuves du passé en me déculpabilisant, parce que non, je ne méritais pas cette violence.
Avec la thérapie et la médication, j’ai arrêté de me mutiler, j’ai cessé d’avoir des idées suicidaires et des cauchemars. Dans ma tête, les images de toutes les manières que je pouvais atténuer mes souffrances ont disparu. J’ai encore du travail à faire sur mon estime de moi ainsi que sur ma routine de vie, mais je vais bien et c’est vraiment le plus important pour moi. J’ai enfin la sensation que je peux avancer sans boulet autour du pied. Je serai comme je suis toute ma vie, mais avec un poids immense en moins sur les épaules.
Je ne fais pas la promotion de la médication. Mais je crois sincèrement que celle-ci est utile à beaucoup de gens, moi inclus. J’ai essayé plusieurs choses naturelles, mais sans que ça fonctionne. Je n’ai pas honte de dire que j’ai une béquille qui m’aide à avancer, cette béquille m’aide et je n’ai pas honte de dire qu’elle m’a sauvé la vie.
N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :
Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553
Centres de crises : Santé Montréal