Introduction : Cette série est mon histoire, chaque texte est personnel. En parler est important et j’ai décidé de le faire. Chaque semaine, un texte sortira en rapport avec une thématique. Pour lire la série en entier, rendez-vous ICI.
Je manque d’air, j’étouffe, j’ai mal au cœur, j’ai beaucoup de reflux gastriques, mes jambes sont molles et j’ai l’impression que je vais m’effondrer à tout moment. Je me gratte partout, surtout au visage, et j’ai chaud même s’il fait – 1000 degrés dehors. C’est ce qui se passe quand je me retrouve dans une foule où les gens sont trop près de moi. Je n’étais pas comme ça avant. Non. J’étais celle qui adorait aller clubber, danser, même si tout le monde était entasser et presque un par-dessus l’autre. J’aimais même aller aux Francofolies et me faufiler pour être le plus près de la scène. Je n’avais pas peur. Maintenant, ma réalité est complètement différente. Ça fait quelques années que j’ai développé un inconfort aux foules. Je n’arrive pas à mettre le doigt sur le moment exact, mais c’était il y a environ un an, avant de tomber en dépression puis en arrêt de travail. Depuis cet épisode de ma vie, j’ai changé. J’ai encore des séquelles et des comportements que je tente de régler, comme l’agoraphobie.
Mais qu’est-ce que l’agoraphobie (AGO)?
Tel qu’expliqué sur le site de l’IUSMM : L’agoraphobie est définie comme étant un sentiment d’anxiété ou un comportement de fuite d’endroits/de situations d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper en cas d’attaque de panique ou de symptômes à type de panique. Certains lieux sont même complètement évités : les rues, les commerces, les foules, les files d’attente, les espaces clos (ascenseurs, tunnels), les théâtres, les cinémas, les ponts, etc.
Cependant, je n’ai pas peur de tout. Ce qui me perturbe le plus, c’est lorsque les gens, les étrangers, sont trop près de moi. Ça me dérange surtout lorsqu’ils me touchent, comme dans le métro, dans les foules, les spectacles où il n’y a pas de sièges, etc. Les endroits où il fait trop noir et où on ne voit rien, les endroits où la musique est beaucoup trop forte, où les éclairages sont un peu trop intenses, où tout vibre. Par contre, ce n’est pas partout et tout le temps. J’ai l’impression qu’il y a des lieux où je me sens plus en sécurité. À cause de ce sentiment, je ne vais plus dans les festivals ou sinon, je m’assoies très loin, installée dans un endroit où j’ai de l’espace autour de moi. Je sais que c’est dans ma tête et aussi que certaines amies trouvent ça lourd, alors j’essaie le plus souvent que ça ne paraisse pas. Jensuis consciente qu’elles le remarquent tout de même parce que c’est un peu dur de se cacher pour se gratter partout lorsque l’anxiété s’empare de moi. Au moins, je suis chanceuse d’être bien entourée.
Depuis peu, je me suis trouvé des trucs lorsque vient le temps d’aller à un spectacle ou de prendre le métro. Je ne veux pas m’empêcher de vivre et surtout, je ne veux pas que ça s’aggrave. Ce que je fais en premier temps, c’est que j’observe le lieu en entier et que je regarde les espaces où je pourrais avoir de l’espace sans me faire frôler. Ensuite, je me trouve des solutions si je dois quitter rapidement à cause d’un trop grand inconfort. Disons que j’ai des plans de secours A-B-C jusqu’à Z. Par exemple, au spectacle d’AQUA, j’ai été prise de panique dans la ligne d’attente. Quand nous sommes entrées dans la salle, mon corps en entier tremblait, mais je ne voulais pas gâcher la soirée de mes amies. Je les ai donc laissées près de la scène et je suis allée m’asseoir à une table, sur un tabouret où je me sentais en sécurité. La table me protégeait du reste du monde. Mes pieds ne touchaient pas au sol, ce qui diminuait les sensations de tremblements que la musique faisait. J’avais des bouchons dans ma sacoche et je les ai mis. Après la première partie, j’ai commencé à me sentir mieux, plus confortable. J’avais apprivoisé le lieu ainsi que l’ambiance et je suis allée rejoindre mes deux amies dans la foule. J’étais fière de moi, d’avoir réussi à faire cet immense pas. C’était la première fois en plus d’un an que je ne m’empêchais pas de faire quelque chose à cause de ma peur de faire une crise de panique.
J’ai décidé de prendre le taureau par les cornes, mais ce n’est pas si simple. Mon plus gros démon en ce moment reste les transports en communs. Ce n’est pas facile à tous les jours, mais j’essaie de combattre ce trouble, d’éviter de m’isoler, de cesser de refuser les invitations, tout en continuant de trouver des solutions qui m’aideront à me sentir en sécurité.
N’oubliez pas que si vous avez besoin d’en parler, il existe des ressources :
Centre de prévention du suicide 1-866-277-3553
Centres de crises : Santé Montréal