le grand jour ou presque

Les chroniques d’une hyperactive au repos forcé : le grand jour… ou presque

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Déjà 52 jours que je suis tombée.

52 longues journées où le temps est suspendu et que ma vie quotidienne est sur hold.

Si le pire est passé, la guérison totale, elle, se laisse désirer. Et teste ma patience à son maximum.

Mais aujourd’hui, c’est le grand jour !

Après les 5 semaines prévues à ma convalescence, où j’ai dû porter une botte orthopédique qui me donne l’air d’un robot et entrave la plupart de mes mouvements, je vais voir l’orthopédiste pour savoir où en est le progrès de ma cheville amochée.

J’étais plutôt fébrile ce jour-là. Je me suis levée tôt, j’étais heureuse d’avoir une trop rare occasion de sortir de la maison même si c’est pour aller dans un hôpital.

Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais le jour où je suis tombée, il neigeait, le jour où on a retiré mon plâtre aussi et il tombait également quelques flocons ce matin-là. Est-ce qu’il y avait quelque chose à comprendre ?

Bof, parfois je ne m’interroge pas trop longtemps sur les hasards de la vie.

Bref, ce jour-là, je suis vraiment impatiente de savoir ce qui m’attend et j’ai vraiment l’impression que ça y est. Je vais enfin pouvoir marcher, retrouver ma liberté et reprendre ma vie où je l’ai laissée, il y a 52 jours.

Longue attente en radiologie, la glace est beaucoup plus destructrice en ce début janvier qu’en novembre, moment où j’ai eu affaire à elle. Les patients avec des attelles, des plâtres, des béquilles et des fauteuils roulants s’entassent dans la salle d’attente et se succèdent les uns après les autres sous les rayons X.

J’ai le temps de sympathiser avec une dame qui a l’épaule brisée et un homme au fémur fracturé, résultat de chutes sur la glace pour eux aussi. On déplore la température, les contraintes face à nos blessures et les faiblesses du système de santé québécois, bien que dans mon cas les planètes aient été alignées pour que je sois prise en charge rapidement, il n’en est rien pour la gentille dame qui a dû attendre 22 heures à l’urgence avant de voir un médecin. 

Après mon passage sous les rayons, c’est avec confiance que j’entre dans le bureau de mon orthopédiste pour entendre son verdict à la suite de l’évaluation de mes radiographies.

« Tu sais que ce n’est pas une fracture standard que tu as là. »

Évidemment.

Quand je me casse quelque chose, ça ne peut pas être de façon normale. Il fallait que je trouve le moyen de me fracturer la cheville de façon non conforme.

« Alors ta réadaptation sera plus longue et plus complexe que pour une fracture habituelle. »

Bien sûr.

Ce serait trop facile de simplement enlever ma botte, et que tout soit beau.

Bon, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise : « lève-toi et marche ». Mais j’espérais quand même qu’elle me dise qu’après juste un peu de travail en physiothérapie, je serais en mesure de reprendre ma vie comme avant.

Eh bien non, je dois porter ma botte encore deux semaines avant de pouvoir mettre du poids sur mon pied et au moins une semaine supplémentaire avec celle-ci pour m’aider à marcher.

L’image où je prends ma voiture dans quelques jours pour retrouver une partie de ma liberté s’estompe une fois de plus. Je dois la mettre de côté pour encore 3 semaines au moins.

Sur le coup, le découragement pointe de nouveau à l’horizon, mais je le mets vite de côté quand elle m’apprend que je pourrai quand même commencer la physiothérapie dès le lendemain.

Enfin, des sorties hors de la maison pour aller me délier les jambes et me permettre de faire quelques pas (allô le jeu de mots) vers la guérison.

Elle m’explique aussi qu’étant donné que je ne fais pas un travail de bureau (je suis éducatrice) et que je bouge et me déplace beaucoup dans le cadre de mes fonctions, je ne peux retourner au travail sans être rétablie à 100 %.

Elle me donne donc mon prochain rendez-vous… dans 6 semaines. 

37 jours précisément.

Plus que la moitié des journées que je viens de passer.

« Mais ça guérit bien »

C’est ce qu’elle me dit avant de quitter son bureau.

Ben coudonc, m’a me contenter de ça pour l’instant.

Ma « fracture non standard » guérit bien.

Dès le lendemain, je me lève, gonflée à bloc, prête à appeler dès l’ouverture le bureau de la CNESST pour leur faire mon rapport et surtout, appeler la clinique de physiothérapie la plus proche de la maison pour obtenir mon premier rendez-vous.

J’ai décidé de voir le côté positif : le pire est derrière moi.

Je vais suivre les recommandations à la lettre, me reposer… et enfin réaliser que je devrais profiter du temps que j’ai à la maison. Et faire des choses que je me plains de ne pas avoir le temps de faire en général.

Comme cuisiner, binge-watcher des séries sur Netflix, écrire encore et toujours plus de textes et surtout dormir le matin. Maintenant que la douleur n’écourte plus mes nuits, je vais rattraper les heures de sommeil qui étaient manquantes avant même mon accident.

Et me dire que la vie fait parfois bien les choses même dans le chaos.

À suivre…

Photo de signature pour Jennifer Martin.

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