l'avenir du passé

L’avenir du passé – partie cinq

J’ai l’impression d’être une mauvaise amie, comme plusieurs fois dans ma vie. J’ai toujours eu des conflits sur ma personnalité avec mes anciennes amies. Mais là, c’est différent, j’ai l’impression que je passe tout mon temps à lui rendre service, l’écouter elle, la défendre face aux autres qui sont si méchants à son égard. Mais j’ai l’impression de vivre une relation amicale à sens unique. Certaines de mes amies présentent font des commentaires méchants sur Vicky et ça me rend folle ! Voyons vous autres, laissez-là donc vivre. J’étais certaine de faire la bonne chose, mais en essayant d’être présente pour elle, je me suis oubliée et j’ai réalisé que je repoussais des gens autour de moi, parce qu’ils n’étaient pas corrects avec elle. Je ne sais pas comment mon cerveau fonctionnait, sérieusement.

Je ne me doutais pas qu’elle finirait par abuser de ma gentillesse et créer un tsunami autour de moi. Me remémorer tout ça ne fait que raviver ma colère et ma déception.

-Tu m’as trahi Billie.

-Ben voyons, les gros mots. Tu me niaises-tu ?

-Tu es amie avec la personne qui m’empêche d’être heureuse avec l’homme que j’aime.

-Wow. Tu n’as aucun droit de me dire avec qui je peux être amie, tes histoires ne me concernent pas.

-Pis la solidarité là-dedans ?

-OK, bye.

Ce sont les derniers mots que nous nous sommes dits. J’ai tellement pleuré longtemps, cette rupture amicale m’a brisé le cœur. Je pensais sincèrement qu’elle tenait à moi autant que je tenais à elle. Est-ce que c’était superficiel tout ça ? Je ne le sais pas. C’était comme un choc de réaliser que des gens pouvaient faire du mal, de manière très subtile. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre, pas tant pour la perte de Vicky, mais plutôt par rapport à ce qu’elle m’a volé : la confiance.

Heureusement, j’ai été bien entourée. Je me suis rapprochée de Chloé et de Fannie, on est comme devenu un trio, un cocon d’amour. On avait tellement de choses en commun, surtout à ce moment précis de notre vie. On avait toutes été blessées par la même personne : Vicky. Autant j’essayais de passer à autre chose, autant j’avais des flashbacks de tout plein de choses, des mensonges, des vérités. J’avais des vagues de culpabilité, mais qui étaient balayées par des moments de lucidité. Cette séparation a provoqué chez moi une immense remise en question sur moi-même, mais aussi beaucoup de doutes sur chacune des personnes qui m’entouraient. Est-ce qu’elles sont sincères ? Est-ce que je dois m’investir à 100% ou me protéger et y aller doucement ? Est-ce qu’elles m’acceptent comme je suis, sans essayer de changer qui je suis ? Sommes-nous dans une relation égale ? Trop de questions, peu de réponses.

Cheers à nous les filles !

-Une nouvelle année qui commence, bye, bye le drama !

-Tellement !

Trois filles, trois femmes qui trinquent à une nouvelle année qui débute et surtout à celle qui se termine, qui a été plutôt difficile pour nous trois. On a trois vies et réalités complètement différentes, mais on a une belle complicité et ça me fait un bien fou. Des ruptures amicales, on en a souvent, toute notre vie, moi j’en ai eu beaucoup. Tellement, que j’ai l’impression que j’ai un problème.

***

Les souvenirs ne sont pas toujours beaux. Les souvenirs font souvent réfléchir sur qui on était, qui on est et qui on souhaite devenir. J’ai l’impression d’être en constante remise en question. Je suis tellement tannée de toujours avoir le sentiment de devoir recommencer à zéro. Peu importe la situation qui brasse mes émotions, je n’arrive pas à juste vivre et profiter de ce que j’ai. J’ai peur d’exploser tellement je ne vois pas l’avenir avec autant d’enthousiasme que d’autres. J’ai un trop-plein de toute pis je passe mon temps dans le passé et pas assez dans le présent. J’ai une vie routinière et à part faire ce que je dois faire, j’ai ce poids immense dans la poitrine qui m’empêche d’avancer réellement. Seule. Personne dans ma vie. Pas de sexe. Aucune proximité. Nada. Un immense trou noir dans le cœur qui m’empêche de voir le bon côté des choses.

Ce matin, je dois me rendre au travail. Hier j’ai callé malade parce que j’étais incapable de sortir du lit. Ça arrive de plus en plus ces temps-ci. Je commence à trouver ça difficile d’être dans ma tête. C’est toujours les choses pas très l’fun qui reviennent à la surface. J’ai recommencé à faire des cauchemars, je me réveille la nuit à cause de mes cris, le corps entier crispé et les ongles enfoncés dans mes paumes.

Je me coupe les ongles, pas le choix. Je m’habille et me grouille à partir. Je dînerai des toasts au beurre de peanut en arrivant au bureau. Pas comme si c’était la première fois que je mangeais ce qui traîne dans mon tiroir. En plus de tout ça, je dois envoyer un texte en révision pour le blogue, mais je n’ai rien écrit. Je n’ai pas d’inspiration. Encore là, mes textes sont redondants, que des mots déprimants. J’aimerais pouvoir écrire autre chose, des trucs plus hop la vie. Mais j’écris principalement ce que je vis, ce que je ressens, des vieux souvenirs, ou peu importe ce qui me passe en tête. Je partage presque tout.

***

J’ai perdu ma virginité à 19 ans, j’allais bientôt avoir 20 ans et je ne voulais pas attendre le prince charmant. En fait, je n’y croyais pas. J’ai eu quelques histoires, mais que de quelques jours. Je ne sais pas pourquoi, mais dès qu’un gars s’intéressait à moi, sur le coup c’était correct, mais je finissais par étouffer, les ignorer et juste mettre un terme à la relation, même si rendu là, c’était tout sauf une relation, on s’entend. Je fuyais, littéralement, je n’ai pas été fine avec plusieurs personnes à cause de la peur. J’ai cru que j’étais peut-être lesbienne, j’aimais regarder les filles, je trouvais qu’il n’y avait rien de plus beau qu’une femme. Je le pense encore aujourd’hui. Mais maintenant je sais que c’est simplement parce que je n’ai pas de préférence. J’aime un humain, peu importe son genre. Ma relation avec la sexualité, mais surtout avec les hommes, était assez rought. Je m’en souviens comme si c’était hier quand je suis allée écouter un film chez mon ami Loïc. Une soirée comme une autre, mais cette fois, je lui ai demandé s’il voulait coucher avec moi.

-Me niaises-tu ?

-Non, je suis sérieuse, c’est avec toi que j’ai envie de le faire pour la première fois.

-Pourquoi moi ?

-Parce que je te fais confiance et parce qu’on ne s’aime pas.

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