Il y a 18 mois, je suis tombée sur la glace.
Double fracture de la malléole de la cheville droite. Une fracture non standard pour laquelle je ne suis pas complètement guérie.
Tu peux en lire le récit complet ICI.
Pendant 2 mois, j’ai dû me déplacer en béquilles puisque je ne pouvais mettre aucun poids sur mon pied.
C’est à la suite de mon expérience que j’ai pu constater les failles du système québécois face aux personnes à mobilité réduite. J’ai voulu faire le bilan des constats que j’ai pu évaluer à la suite de ce que j’ai vécu.
Sans le support de mon chum, mon fils, ma famille et mes amis, j’aurais été très mal en point pour vivre cette convalescence.
Seule, sans pouvoir me déplacer avec ma voiture, car c’est la jambe avec laquelle je conduis qui était blessée, et avec un réseau de transport en commun plutôt limité en banlieue, je n’aurais certainement pas eu la vie facile. J’aurais certainement eu beaucoup plus d’épisodes de découragement et de grandes difficultés à composer avec ma réalité temporaire, mais contraignante quand même.
Au cours des 2 mois où j’ai dû apprendre à maîtriser mes béquilles sur le sol enneigé de l’hiver québécois, j’ai pu constater à quel point il y a beaucoup de lacunes au niveau de l’accessibilité aux commerces, restaurants et immeubles de bureaux. Quelques-uns ont des portes automatiques ou encore un bouton permettant d’ouvrir les portes, mais ils ne sont malheureusement pas très nombreux.
J’ai trouvé aberrant de devoir essayer de garder l’équilibre sur un pied et tenir mes béquilles sous un bras pour tenter d’ouvrir une porte sans risquer de tomber et me blesser davantage. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur de me retrouver face à quelqu’un de pressé qui ouvrirait la porte brusquement sans faire attention.
J’ai pu dénombrer plusieurs commerces où j’ai dû demander l’aide de mon entourage pour franchir les portes et si j’ai réussi à quelques reprises à me débrouiller toute seule, j’ai vraiment eu une pensée pour les personnes en fauteuil roulant qui ne peuvent même pas monter la petite marche qui se trouve souvent à l’entrée de plusieurs endroits.
Ça m’a rendu encore plus empathique envers les personnes qui doivent composer avec des limitations de manière permanente. Il est évident qu’il y a encore beaucoup à faire pour rendre accessibles tous les endroits utiles à leur quotidien.
C’est en temps de pandémie et après ma deuxième opération m’obligeant à retrouver mes béquilles pendant quelques semaines que j’ai réalisé à quel point les personnes à mobilité réduite sont une fois de plus laissées de côté puisqu’il n’y a même pas de files d’attente spécifiques pour celles-ci.
Je crois que le niveau d’empathie est à la baisse. Lors d’une récente sortie, j’ai dû faire la file pour monter à bord d’un autobus et une seule personne m’a laissé passer devant elle pour me faciliter les choses alors que plusieurs personnes attendaient pour monter à bord.
Au début de ma première convalescence, les gens se précipitaient pour m’offrir leur aide en me tenant la porte ou en me lançant des regards compatissants. Cette fois-ci, j’ai l’impression que les gens sont plus centrés sur eux-mêmes et font preuve d’impatience à force de faire la file partout.
C’est un constat plutôt triste puisque j’aurais pensé que la pandémie apporterait une plus grande résilience à tous et surtout une belle vague de solidarité.
J’ai beau être en béquilles encore quelques jours seulement, PERSONNE n’est à l’abri de se retrouver un jour à mobilité réduite, que ce soit de manière permanente ou temporaire. Une chute, un accident, une maladie, tout peut changer en une fraction de seconde et nous plonger dans cette réalité.
J’espère donc qu’éventuellement nos gouvernements en feront une priorité et qu’ils obligeront les commerces et les établissements à avoir des portes et des entrées accessibles à tous. Mon expérience m’a montré que ce n’est pas évident de vivre au quotidien avec autant de défis à surmonter lors d’une simple journée normale.