Loto pandémie

La loto de la pandémie

Après plus de 18 mois passés dans l’œil du cyclone que représente cette pandémie, c’est maintenant le temps de passer GO et réclamer 200 $.

Ou plutôt espérer empocher l’un des lots de 150 000 $ ou le gros lot d’un million de dollars proposé par le gouvernement pour récompenser ceux qui ont acheté les bons terrains et qui ont décidé d’y bâtir des hôtels avant même que les autres aient compris les règles du jeu.

L’analogie est peut-être boiteuse, mais c’est quand même ce que j’ai ressenti en apprenant la nouvelle.

Ce vaccin qu’on attendait tous après deux confinements particulièrement pénibles pour certains, mais pas pour tous, est maintenant le billet dont on a besoin pour espérer remporter la loterie.

Le beau de l’affaire, c’est qu’il ne coûte rien, ce billet-là. Tout ce qu’on a à faire, c’est de s’inscrire sur le site à partir du 25 juillet pour confirmer qu’une aiguille a bien été enfoncée dans notre bras deux fois plutôt qu’une.

Simple de même.

Fais-toi vacciner et croise les doigts. T’as une chance d’être millionnaire.

Ce qui me chicote, c’est ce qu’on aurait pu faire avec cet argent.

L’argent des contribuables.

Parce qu’on ne se le cachera pas, le gouvernement ne s’est pas servi dans son pécule personnel pour nous offrir ce plateau plein de billets. Il se servira plutôt du nôtre pour justifier sa belle idée.

L’argent qu’on gagne à la sueur de notre front et qui fait rouler notre économie. Une économie qui a pris une méchante débarque depuis la fermeture des commerces, les dettes engendrées par la PCU et les aides gouvernementales distribuées comme des bonbons. Seules les (très) nombreuses années à venir nous permettront de venir à bout du trou béant dans le bas de laine que cette pandémie aura créé.

Cet argent, on aurait pu l’offrir aux préposées aux bénéficiaires, dont le bateau affronte les vagues sans répit depuis plus de 18 mois, sans cesser de vider à coup de chaudière trouée l’eau qui rentre de partout.

Aux éducatrices qui permettent aux anges gardiens d’aller au front, sans aucune reconnaissance pour les capes invisibles qu’elles revêtent aussi depuis le début.

Aux employés des commerces dont le travail essentiel passe sous le radar parce que les clients sont trop occupés à se garocher sur les rouleaux de papier de toilette.

On pourrait bonifier le soutien offert à ceux qui souffrent de problème de santé mentale. Ceux qui souffraient avant, ceux qui souffrent maintenant et ceux qui souffriront peut-être bientôt.

Je l’accorde, investir 2 millions de dollars à l’échelle nationale pour une loterie qui incitera les gens à se faire vacciner plutôt que de faire des menaces de privilèges accordés ou non n’est pas une mauvaise idée en soi. C’est quand même plus efficace que de passer en boucle des publicités dont le message ne résonne pas aussi bien qu’une liasse de billets qu’on agite devant les yeux des plus avares.

Encore trop de gens hésitent à se faire vacciner… on devrait pourtant se réjouir d’y avoir accès aussi facilement. Ce faible taux de vaccination, qui risque de nous faire replonger à l’automne avec toutes les conséquences économiques, sociales et médicales que ça engendre, devrait constituer un argument valable et suffisant pour prendre rendez-vous.

Qu’on soit rendu à capitaliser le gros bon sens, c’est la preuve que ça ne va pas bien du tout.

On est rendus là? Vraiment?

Ça fait peur Monsieur Legault.

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