Il y a maintenant une année complète d’écoulée depuis que j’ai quitté le navire de la petite enfance pour rejoindre une nouvelle île inconnue et apprendre un nouveau métier. Faire un changement de carrière à l’aube de la quarantaine, ça demande quand même pas mal de réflexions et ça comporte aussi beaucoup de doutes et de questionnements.
Il y a à peine deux ans, tu m’aurais dit que ma vie professionnelle aurait effectué un virage à 360 degrés je ne suis pas certaine que je t’aurais cru. Bien que fatiguée et démotivée par mon travail d’éducatrice, j’avais encore du plaisir à côtoyer mes collègues de travail. Quelques avantages sociaux m’empêchaient d’envisager un départ et je croyais qu’il me faudrait attendre d’avoir atteint un certain âge près de la retraite avant d’envisager de faire quelque chose de moins difficile physiquement. J’avais les pieds bien ancrés dans la réalité et j’étouffais un peu mes rêves de faire autre chose parce que j’avais l’impression de ne pas avoir les qualificatifs pour aller voir ailleurs.
Avec du recul, je réalise que ça prenait vraiment du guts de quitter un emploi permanent avec un fonds de pension et plusieurs années d’ancienneté pour accepter un poste de remplacement de congé de maternité sans garantie de prolongement par la suite. C’est un peu comme plonger dans le vide sans filet. Pas de fonds de pension, commencer au bas de l’échelle, être la p’tite nouvelle (sans trop d’expérience) il faut vraiment faire confiance à la vie pour décider de prendre ce chemin inconnu.
Mais maintenant que c’est fait, je ne regrette absolument rien.
Je dirais même que c’est l’un des risques les plus payants que j’ai pris dans les dernières années. Je suis contente d’avoir suivi mon instinct qui me disait que j’allais regretter de passer à côté de cette occasion. Et, surtout, de m’être fait assez confiance pour la saisir.
Ça n’a pas été tout rose au début. J’ai douté 100 fois plutôt qu’une, j’ai failli rappeler mon ancienne coordonnatrice pour la supplier de me reprendre. Je me suis trouvée poche, pas assez qualifiée, démunie devant certaines situations. J’ai eu un peu de mal à trouver ma place, à me convaincre que ce que je faisais était bon, même si on ne m’a jamais fait sentir que ça ne l’était pas.
L’accueil reçu au sein de l’équipe a aussi fait toute la différence. J’ai quitté une gang incroyable pour en intégrer une autre et ça, ça n’a pas de prix! Même si plusieurs changements ont eu lieu depuis que j’ai rejoint celle-ci, les nouveaux membres de l’équipe et moi avons vite établi des liens solides qui font que j’arrive au bureau avec le sourire le matin. Parce que oui, depuis le mois d’avril, nous avons réintégré notre lieu de travail, à raison de 2 jours par semaine. On va se le dire, la formule hybride, c’est ce qu’il y a de mieux! J’ai encore le bonheur de travailler à la maison, tout en ayant le plaisir de côtoyer mes collègues. Ma qualité de vie s’est tellement améliorée depuis que je suis là. Je suis reconnaissante tous les jours d’avoir osé faire le pas.
Comme la vie n’est pas toujours rose, je ne pourrais terminer ce bilan sans parler de quelques petits irritants. Parce que oui, il y en a. Aucun travail n’est parfait et il est important pour moi d’être honnête à ce niveau. Un changement de carrière, c’est positif, mais ça vient avec son lot de défis aussi.
Je suis plus sédentaire et ça parfois c’est difficile. Bien que j’adore ne plus être courbaturée et fatiguée après une journée de travail à m’occuper des enfants, passer des journées complètes assise devant l’ordinateur n’est pas ce qu’il y a de mieux pour la posture, le maintien de mon poids et le cardio. Je m’ennuie parfois de mes matinées complètes passées dehors à jouer dans la neige et des marches à l’heure de pause avec mes collègues.
Même si ma cheville se porte un peu mieux depuis mon changement de carrière, cela ne veut pas dire qu’elle ne me cause plus de douleurs non plus. J’essaie de trouver l’équilibre en bougeant le matin et le soir, question de compenser pour les longues heures passées assise, mais encore là c’est parfois difficile de le faire. Je ressens quand même la fatigue d’une journée passée à me concentrer pour effectuer mon travail alors la motivation est souvent difficile à trouver et souvent l’exercice prend le bord.
J’ai aussi encore un peu le syndrome de l’imposteur. On a beau me dire que ce que je fais est bien, mon manque d’expérience et de diplôme en lien avec ce domaine m’handicape encore à l’occasion. J’imagine que le temps et quelques petites formations ici et là pourront m’aider à passer outre ce sentiment.
Faire un changement de carrière demande réflexions, et je n’ai pas fait celui-ci sur un coup de tête, même si tout s’est enchaîné assez rapidement une fois ma décision prise.
Je referais les choses exactement de la même manière et je dis merci à la vie d’avoir mis cette nouvelle carrière sur ma route.
Un an plus tard, je me sens enfin épanouie dans mon nouveau milieu.