Depuis 1 an, j’ai la chance d’habiter dans une maison que j’adore.
J’ai beau avoir aimé ma première petite maison mobile dans laquelle j’ai vécu de nombreux moments magiques, rien n’égale le bonheur et le bien-être que je ressens depuis que nous sommes ici. J’en avais d’ailleurs fait une série de textes que tu peux lire ICI.
Je dois cependant avouer quelque chose.
Depuis que je suis ici, je ressens une pression. La pression d’avoir la maison parfaite.
T’sais comme celles qu’on voit passer partout sur Pinterest et depuis peu sur Instagram. Celles dont les tuiles blanches métro côtoient les murs de shiplap. Celles où les antiquités se marient parfaitement aux meubles plus modernes et où les cinquante nuances de blanc se marient aux paniers en osier et aux macramés.
Les maisons avec un style boho, farmhouse ou scandinave parfait où rien ne dépasse, rien ne traîne, où on retrouve des bouquets de fleurs fraîches toutes les semaines. Celles où la cafetière est un objet décoratif qui mérite un comptoir personnalisé pour la mettre en valeur. Des maisons où chaque bibelot et chaque illustration sont choisis avec une précision chirurgicale afin de former un amalgame parfait.
Des maisons qui possèdent des ensembles de draps parfaitement assortis qui n’altèrent en rien l’ordre d’une chambre puisque ceux-ci sont joliment placés pour donner un look réussi même lorsqu’on ne prend pas le temps de faire le lit. Des maisons où les nappes en lin habillent les tables avec des assiettes faites par un artisan local et dont le prix d’un seul bol correspond au montant total que j’ai payé pour mon ensemble de vaisselles noires achetées en spécial chez Walmart.
Je regardais les comptes Instagram des personnes dont j’admire le bon goût et la façon d’aménager leurs espaces et j’ai tout de suite eu envie d’avoir la maison parfaite lorsque nous sommes arrivés ici. J’avais des idées de grandeur ou comme dirait Mélissa, l’une des blogueuses dont j’admire la déco depuis toujours, j’avais des envies de champagne avec un budget de bière d’épinette.
Autrement dit, j’aurais bien aimé dévaliser le Structube et le HomeSense tout autant que le Ikea. J’ai dû modérer mes ardeurs pour ne pas me retrouver avec des dettes. Je venais alors de faire un petit profit sur ma maison et il n’est pas dans notre nature de vivre au-dessus de notre budget.
J’ai beaucoup magasiné dans les magasins de style Village de Valeurs et Renaissance, dans les ventes de garage, et j’ai même trouvé sur le bord d’un chemin deux belles grandes planches de bois de grange que j’ai sablées et transformées en tablettes pour ma salle de bain. J’ai épluché Marketplace, j’ai fabriqué une échelle décorative avec mon chum afin d’y installer des plantes. On a repeint le comptoir de la cuisine afin d’économiser des sous en attendant de le changer complètement. J’ai choisi une housse de couette en rabais chez Simons tout en ne mettant que des choses en soldes dans mon panier d’achats.
Je fais tout ce que je peux depuis un an pour avoir un intérieur agréable, qui me ressemble et dans lequel je me sens bien tout en n’ayant pas à investir de gros montants. Mais j’ai toujours des draps et des taies d’oreillers dépareillés, mes coussins sont rarement bien placés et bien alignés sur mon sofa, mes plantes sont loin d’être aussi belles et fournies que celles qu’on voit sur Instagram. Quelques meubles en bois auraient besoin d’être sablés, le style boho/exotique que je voulais donner à ma chambre est loin d’être aussi beau en réalité et je pense déjà à des manières de tout changer sans me lancer dans les grandes dépenses.
Bien que j’aime m’inspirer de divers comptes sur Instagram et admirer les maisons des personnes auxquelles je suis abonnée, je suis forcée d’admettre que je trouve parfois difficile de ne pas me comparer aux autres. Je sais parfaitement que certaines personnes reçoivent des choses lors de partenariats rémunérés ou que d’autres ont simplement un plus gros budget pour meubler leur intérieur. Ce n’est pas toujours facile de m’en convaincre.
Est-ce que ma maison est parfaite? Non.
Est-ce qu’il y a encore des choses que je n’aime pas? Assurément.
Est-ce que c’est normal de se mettre une certaine pression pour correspondre à des standards valorisés par un échantillonnage de personnes? Oui. Même si ça ne devrait pas.
J’ai envie de ne pas me culpabiliser. Je préfère continuer à mettre de l’argent de côté pour les imprévus que de vivre à crédit pour me payer de nouvelles poignées d’armoires ou une autre table qui correspond plus au style que je voudrais donner à ma cuisine.
J’ai envie d’être fière d’avoir une belle maison avec plusieurs possibilités à explorer dans les prochaines années.
De toute façon, mes goûts vont changer avec les années, les tendances aussi. À quoi bon entretenir l’objectif d’avoir une maison parfaite alors que je sais très bien que rien ne l’est? Au-delà des pièces rangées et magnifiquement décorées qu’on voit sur Instagram, il y a aussi des paniers de linge sale qui traînent, des cernes autour de la baignoire et une armoire de Tupperware prête à s’effondrer dès qu’on ouvre la porte.
C’est juste qu’on ne les voie pas.
Mais je dois me rappeler qu’elles existent aussi. Et surtout arrêter de me comparer.