Avec le temps, j’ai réalisé que je n’allais pas
Des mois à être au ralenti, à ne ressentir que cette détresse; à vivre les autres émotions comme en sourdine.
L’envie de mourir et de tout arrêter était constamment en background dans ma tête. Un voile de noirceur sur mon quotidien. Plus présent et criant à certains moments; se dispersant un peu à d’autres, cette pensée m’envahit souvent.
Depuis des semaines déjà, je regardais les ressources disponibles en ligne, question de savoir…si jamais il y avait une urgence. Le CLSC, les centres de crise; toutes ces lignes d’appel, organismes communautaires et autres.
Une première tentative avec un service d’aide d’urgence par texto. Pas très concluante pour moi.
Je reprends une routine de travail, de vie. J’ai confiance que ça va aller mieux.
Ça ne va pas mieux
Une nouvelle situation à laquelle s’adapter et j’en suis incapable. De nouvelles sources de stress honnêtement.
Je décide d’appeler à l’accueil psychosocial.
Boîte vocale. Je n’ose pas laisser de message. Cela arrive à quelques reprises jusqu’à ce que je me décide. On me rappelle; je suis au travail. Ce manège quelques fois. Une travailleuse sociale finit par me rejoindre.
Quelques questions sur le pourquoi de ma demande. Puis des questions qui ne finissent plus. Je pleure après deux minutes. Cette fameuse question à savoir si j’ai des traumas d’enfance. À ce moment, j’étais choquée et en panique. Je continue de répondre mais je suis bloquée. Je ne veux pas laisser mes réticences m’empêcher de recevoir de l’aide. J’en ai besoin.
Encore une fois, je m’indignais contre ce système si difficile dans lequel naviguer.
//
Et puis il y a eu ce fameux dimanche soir d’été : crise d’anxiété, douleur à la poitrine, pensées qui tournent tellement vite. Envie de mourir, envie de me faire mal. Je considère les options. J’ai peur de ce que je me ferais. Je finis par m’endormir et, à mon réveil, ça recommence. Je n’en peux plus. Je me sens incapable, mentalement mais aussi physiquement, d’aller travailler. Mon corps ne veut plus. Je considère prendre congé. J’hésite. Je me sens coupable. Je finis par caller malade. Je décide que c’est aujourd’hui que je prends congé. Je me cherche un rendez-vous chez le médecin, question d’avoir une impression diagnostique, de mettre des mots sur ce que je vis.
Rendez-vous téléphonique avec un médecin que je ne connais pas. Avec une infirmière avant.
Je trouve difficile certaines discussions avec des professionnels de la santé quand il est question de santé mentale. Ça tourne beaucoup autour des idées suicidaires et je n’ose pas toujours en parler.
Avez-vous eu des idées suicidaires récemment? Avez-vous un plan?
Je n’ai pas de plan; rationnellement, je veux encore vivre. Mais j’ai tellement mal. Je ne suis plus capable de continuer. J’ai envie de disparaître.
C’est donc le début de la médication, d’un certain suivi pour moi. Le début aussi de l’attente pour des soins. On me parle de symptômes dépressifs et anxieux. Certains ne savent pas ce que j’ai, ne comprennent pas pourquoi je vais mal, puisque plusieurs aspects de ma vie semblent aller bien. Je ne comprends pas non plus.
Je réalise que je ne vais pas bien du tout, j’essaie de chercher de l’aide. Et, en attendant, je fais de mon mieux pour simplement être encore en vie.
// Si vous avez besoin d’aide ou de parler à quelqu’un, vous pouvez appeler la ligne d’écoute de Revivre : anxiété, dépression et trouble bipolaire au 1 866-738-4873, sans frais partout au Canada, du lundi au vendredi de 9 h à 17 h (HNE).
Si vous avez actuellement des idées suicidaires, vous pouvez appeler les centres de prévention du suicide du Québec, au 1 866-277-3553.
Le site de Revivre offre aussi beaucoup de ressources et d’informations.